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Racisme et violences policières : "Ce n'est pas le bla-bla macroniste qui apaisera quoi que ce soit", juge la députée LFI Danièle Obono

Danièle Obono rappelle que La France insoumise avait fait une proposition de loi pour "mettre en place un récépissé d'identité, pour faire cesser les contrôles au faciès" et que ce texte a été rejeté par la majorité présidentielle.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Danièle Obono était l'invitée de franceinfo.  (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a promis, mercredi 3 juin, que "chaque faute, chaque excès, chaque mot, y compris des expressions racistes" ferait "l'objet d'une enquête, d'une décision, d'une sanction", au lendemain de manifestations, notamment à Paris, pour dénoncer les violences policières.

Une proposition de loi contre les contrôles au faciès

"Ce n'est pas le bla-bla macroniste qui apaisera quoi que ce soit, ce sont des actes et des politiques véritablement républicaines", a réagi, mercredi 3 juin, sur franceinfo, Danièle Obono, députée La France insoumise de Paris. "S'il fallait croire tous les propos et les annonces que fait ce gouvernement, nous ne serions pas aujourd'hui dans la situation dans laquelle nous sommes, et pas simplement sur la question des violences policières", estime Danièle Obono.

"Ce ministre de l'Intérieur a fait preuve d'une irresponsabilité" et a "assumé des pratiques extrêmement problématiques", assène la députée de Paris. Elle rappelle que La France insoumise a fait une proposition de loi pour "mettre en place un récépissé d'identité, pour faire cesser les contrôles au faciès" ou pour interdire "des techniques d'immobilisation létales comme celles qui ont causé la mort d'Adama Traoré". Cette proposition de loi des députés LFI "a été rejetée par la République en marche", ce qui, selon elle "ne correspond pas à ce discours qui tente d'apaiser une situation".

Interrogée sur la question du racisme dans la police, Danièle Obono estime que "les institutions sont le produit de la société"

La société est traversée par des rapports de force, des rapports de domination et d'oppression. Et la police est une institution où se reproduisent ces fonctionnements.

Danièle Obono, députée LFI

"C'est vrai pour ce qui est des discriminations de genre, du sexisme, des discriminations contre les personnes LGBT." Pour l'élue LFI, "il faut d'abord prendre conscience de ça, le reconnaître".

Au lendemain des manifestations contre le racisme et les violences policières, qui se sont tenues en souvenir d'Adama Traoré et de George Floyd, Danièle Obono ne croit pas "qu'il y ait la moindre confusion" entre les deux affaires. "Nous sommes en France et les États-Unis d'Amérique sont un autre pays. George Floyd n'est pas Adama Traoré", souligne la députée de Paris, "mais comme il n'était pas Michael Brown, comme il n'était pas Eric Garner, et toutes ces personnes qui sont mortes suite à des interpellations des forces de police aux États-Unis, comme en France, comme dans d'autres pays malheureusement, où ce type de pratique, cet usage proportionné de la force, cet usage de techniques d'immobilisation létales sont encore en œuvre et vont cibler de manière disproportionnée et discriminatoire". Mais il y a selon elle "des éléments de similarité et de comparaison. Ce sont des agents de sécurité qui sont intervenus. Et leur intervention a causé la mort d'une personne".

Avoir l'avis d'Emmanuel Macron

A l'issue du conseil des ministres mercredi 2 juin, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a appelé à "l'apaisement" après les manifestations de mardi soir. Mais pour Danièle Obono, ce serait "intéressant" d'avoir l'avis d'Emmanuel Macron "sur ce qui se passe aux États-Unis, puisqu'il a montré une telle empathie pour monsieur Trump et que d'ailleurs, sa police et son préfet reprennent ce type de stratégie qui vise à réprimer l'expression de revendications pour la justice, plutôt que de permettre et de garantir que les citoyens puissent exprimer ses droits démocratiques". Mais au final, la députée estime que "moins il dit, mieux c'est, parce que justement, il nous a suffisamment fait d'annonces pour dire tout et son contraire que c'est plus une insulte qu'autre chose".

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