Sondage élections européennes : "Il y a un gouffre entre la liste du Rassemblement national et celle de la Macronie", note Stéphane Zumsteeg, de l'institut Ipsos

Stéphane Zumsteeg constate que "l'arrivée du président de la République" dans la campagne des européennes, avec notamment "son discours de la Sorbonne", n'a pas fonctionné pour la liste de Valérie Hayer.
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Stéphane Zumsteeg, directeur du département opinion et recherche sociale d’Ipsos, mercredi 15 mai 2024 sur franceinfo. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"Il y a toujours un écart très important, presque un gouffre, entre la liste du Rassemblement national et celle de la Macronie", a noté mercredi 15 mai sur franceinfo Stéphane Zumsteeg, directeur du département opinion et recherche sociale d’Ipsos, alors que le sondage Ipsos pour Radio France et Le Parisien, publié mercredi donne toujours Jordan Bardella largement en tête, avec 31% des intentions de vote, soit un point de moins qu'en avril dernier. La liste de la candidate Renaissance de Valérie Hayer se stabilise à 16%. "31/16, c'est presque le double", souligne Stéphane Zumsteeg. "Cet écart majeur, il s'est installé il y a maintenant plusieurs mois et il ne bouge plus. Ou quand il bouge, c'est en faveur du Rassemblement national." 

En regardant "la sociologie du vote" pour Jordan Bardella, "on est frappé de voir comment la situation a évolué de façon vraiment spectaculaire en dix ou quinze ans", remarque Stéphane Zumsteeg. "Autrefois, quand on parlait du Rassemblement national ou du Front national, on disait que c'est un parti qui n'arriverait jamais au pouvoir parce qu'il y avait des segments entiers de l'électorat qui lui étaient viscéralement hostiles, les jeunes, les personnes âgées, les peoples, les cadres supérieurs vivant dans les zones urbaines", rappelle le sondeur. "Aujourd'hui, ce n'est plus du tout le cas." Stéphane Zumsteeg constate que le RN "est fort partout" et n'a "plus ou quasiment plus de point de faiblesse". Selon lui, C'est "le seul parti, la seule liste, qui n'a pas de point de faiblesse dans la sociologie"

Avec ce nouveau sondage Ipsos pour Radio France et Le Parisien, Stéphane Zumsteeg constate que "l'arrivée du président de la République" dans la campagne des européennes, avec notamment "son discours de la Sorbonne" n'a pas fonctionné pour la liste de Valérie Hayer. "C'est toujours le problème avec la Macronie. Ils annoncent les choses avant, en promettant monts et merveilles, et finalement il ne reste rien."

La dynamique Raphaël Glucksmann confirmée

Le représentant d'Ipsos prend l'exemple du discours d'Emmanuel Macron à la Sorbonne le 25 avril. "Qu'est-ce qu'on en a retenu ? Pas grand-chose." Stéphane Zumsteeg attend "de voir ce que donnera" l'entrée en campagne de Gabriel Attal, notamment "lors du débat qui l'opposera à Jordan Bardella". Mais le directeur du département opinion et recherche sociale d’Ipsos souligne que "les poids lourds qui rentrent dans la campagne pour épauler Valérie Hayer ne se traduisent par aucun gain électoral".  

Dans ce sondage, la dynamique Raphaël Glucksmann se confirme avec 14,5% des intentions de vote (+1,5 point en un mois). La tête de liste du PS et de Place publique "prend de 20 à 30% des gens qui ont voté pour les principaux candidats à l'élection présidentielle, quand vous regardez les gens qui nous disent être certains d'aller voter à l'élection européenne", analyse Stéphane Zumsteeg. Le candidat "bénéficie d'une dynamique qui vient de la gauche. Il y a des déçus du mélenchonisme" avec certains électeurs "qui ont été heurtés par le positionnement ces deux dernières années des députés LFI à l'Assemblée nationale". Raphaël Glucksmann profite également de personnes "qui sont déçues par le score de Yannick Jadot pour les écologistes à la présidentielle et qui ne se retrouvent pas dans la campagne actuelle de la liste des écologistes".

Un espace au centre gauche s'est ouvert

Selon Stéphane Zumsteeg, Raphaël Glucksmann "bénéficie d'un vote utile" d'électeurs se disant de gauche. Le vote utile à gauche, c'est "quand vous vous dites, 'je suis de gauche' et il y a une des listes ou un des candidats qui pourrait faire un score plus que de témoignage. C'est un vote de ralliement", explique le directeur du département opinion et recherche sociale d’Ipsos. "On se rallie, on est peut-être écologiste, on est peut-être un peu plus insoumis que socialiste, mais on a quand même envie de voter pour la liste de gauche qui est censée faire la bonne performance."

Stéphane Zumsteeg note enfin une autre "dynamique" pour Raphaël Glucksmann. "C'est la plus intéressante, la plus importante et la plus dangereuse pour la liste de Renaissance. Enfin, depuis 2017 et la première élection d'Emmanuel Macron, il y a, pour tous ces gens de gauche qui ont voté avec enthousiasme pour Macron en 2017, et un peu plus avec résignation il y a deux ans, un espace à gauche au centre gauche, qui s'est ouvert." Et selon Stéphane Zumsteeg, "pour ces déçus du macronisme qui viennent de la gauche, l'alternative ou le choix Raphaël Glucksmann est quelque chose d'alléchant".

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