Suspension d'AstraZeneca : "On ne peut pas vacciner avec un vaccin sur lequel une partie de la population pourrait avoir des doutes", reconnaît Pascal Canfin
"Le cœur d'une campagne de vaccination, c'est la confiance, et la confiance, c'est la transparence. Donc lorsqu'il y a le moindre doute, il faut redemander l'avis aux autorités scientifiques compétentes", a affirmé l'eurodéputé La République en marche.
"On ne peut pas continuer à vacciner avec un vaccin sur lequel une partie de la population pourrait avoir des doutes", a reconnu mardi 16 mars Pascal Canfin, eurodéputé La République en marche, président de la commission environnement du Parlement européen, après la décision de la France lundi de suspendre le vaccin anti-Covid AstraZeneca. L'Allemagne, l'Espagne, mais aussi l'Autriche ont pris la même décision.
franceinfo : Il y a un doute sur ce vaccin d'AstraZeneca, souhaitez-vous qu'on continue de l'utiliser ?
Pascal Canfin : D'abord en tant que responsable politique, il n'y a pas à souhaiter qu'il le soit ou ne pas souhaiter qu'il le soit. Il faut se baser sur un avis scientifique. C'est ce qu'a fait la France avec d'autres pays européens comme l'Italie, l'Espagne, le Danemark, l'Autriche, l'Allemagne. C'est-à-dire d'activer ce que l'on peut appeler le "principe de précaution", à savoir qu'il y a un doute sur un potentiel effet secondaire du vaccin extrêmement limité. Je rappelle qu'en France, ça concernerait potentiellement un mort sur un million de personnes qui ont reçu une dose de vaccin AstraZeneca. Néanmoins, on a décidé de demander à l'Autorité européenne du médicament son avis, avis qui sera rendu jeudi. Je pense qu'on se dirige, soit vers une confirmation de la possibilité d'utiliser le vaccin AstraZeneca, soit éventuellement des recommandations très ciblées consistant à dire pour tel type de personne, il faut plutôt administrer les vaccins alternatifs comme Pfizer ou Moderna et pas celui d'AstraZeneca.
Si ce vaccin est de nouveau autorisé jeudi, vous redoutez tout de même un sentiment de soupçon ?
Mais justement, c'est pour ça qu'on a fait ça. C'est parce qu'on ne peut pas continuer à vacciner avec un vaccin sur lequel une partie de la population pourrait avoir des doutes. Le cœur d'une campagne de vaccination, c'est la confiance, et la confiance, c'est la transparence, et donc la transparence, c'est lorsqu'il y a le moindre doute, il faut redemander l'avis aux autorités scientifiques compétentes, en l'occurrence en Europe l'Agence européenne des médicaments. C'est pour ça que la responsabilité politique a été prise par les principaux pays de l'Union européenne, c'est donc un processus dont je me réjouis. J'aurais évidemment préféré qu'il n'y ait pas ces décès. J'aurais préféré qu'il n'y ait pas de doute et on aurait eu trois jours plus tranquilles. Néanmoins, si dans deux jours, le processus repart et que la confiance est maintenue grâce à cette transparence, je m'en féliciterai.
Comment accélérer la vaccination au niveau européen, si les labos tardent à nous fournir, on a l'impression que l'Europe est un peu impuissante ?
Je n'irai pas jusque-là. D'abord, il n'y a qu'un labo qui ne nous fournit pas. Les autres sont plutôt en avance. C'est le cas de Pfizer, qui est sur le rythme de production auquel il s'était engagé. Nous avons un vrai problème avec AstraZeneca, ça ne sert à rien de le nier. C'est une entreprise qui ne respecte pas les engagements de quantité de livraisons qui ont été pris contractuellement avec nous. Maintenant, quand vous achetez une machine à laver sur internet, si l'entreprise ne vous livre pas, ce n'est pas vous qui êtes responsable, c'est celui qui ne l'a pas fabriquée ou qui ne l'a pas livrée. Et on est dans cette situation.
La Commission européenne est en train d'évaluer toutes les options juridiques possibles, parce qu'AstraZeneca est tellement en retard que ça se justifie. Néanmoins, on ne règlera pas la question de la vaccination devant les tribunaux. Donc la question fondamentale, c'est produire plus, produire plus, produire plus. Et c'est exactement ce qu'on fait. Par exemple, en autorisant, c'était la semaine dernière, un quatrième vaccin qui arrivera dans quinze jours dans les différents pays et bien évidemment en France, pour être une arme de plus pour accélérer la campagne de vaccination.
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