Affaire Arend : pour Delphine Batho, "il n'est pas question de lui serrer la main ou de siéger sous sa présidence"
La députée PS des Deux-Sèvres déclare jeudi sur franceinfo, qu'un élu concerné par "une enquête sur des faits aussi graves que l'agression sexuelle n'est pas en mesure d’exercer son mandat sereinement".
Delphine Batho, députée des Deux Sèvres, invitée jeudi de franceinfo, a expliqué sa position vis-à-vis de Christophe Arend, député La République en marche (LREM) visé par une plainte pour harcèlement sexuel et agression sexuelle émise par son ex-assistante parlementaire. "Je soutiens toutes les femmes qui parlent (...) Cette parole des femmes doit avoir des conséquences d'abord judiciaires. Mais pour les élus, il y a peut-être une exigences supplémentaire", a déclaré la députée PS.
"Ils ont droit à la présomption d'innocence, mais tant que la justice n'a pas fait la clarté, l'élu concerné par une enquête sur des faits aussi graves que l'agression sexuelle n'est pas en mesure d'exercer son mandat sereinement", a poursuivi Delphine Batho. "Il n'est pas question pour moi de lui serrer la main ou de siéger sous sa présidence", a-t-elle ajouté à propos de Christophe Arend, président du groupe d'amitié France-Allemagne, à l'Assemblée nationale.
Le PS toujours en mode "coma"
La députée socialiste et ex-ministre de l'Ecologie demande un retour sur "les causes profondes de la défaite" aux élections en 2017. "Le parti n'a pas toujours pas dit et compris pourquoi il a perdu (...) "Tant que ce n'est pas fait, il n'y aura pas de sortie du coma du PS et ça n'avancera pas", a ajouté Delphine Batho.
Delphine Batho a dit regretter "une espèce de léthargie organisée par une génération qui veut toujours tirer les ficelles, qui veut tout contrôler". S'adresse-t-elle à François Hollande ? "Oui, notamment", a-t-elle répondu. "J'ai envie de dire à ceux qui envoient des textos aux députés et qui leur disent quoi faire : 'Laissez-nous travailler'."
Delphine Batho a estimé qu'il n'y aurait pas de retour "au monde d’avant". "En Marche est une marque, ce n’est pas un parti politique. Ça fonctionne comme une marque avec le chef qui décide de ce qui se passe. Dans les échéances futures, il n'y aura pas un désir de revenir au monde d'avant, donc il faut être beaucoup plus créatif et beaucoup plus imaginatif", a jugé la députée PS.
"Plus facile de protéger les grandes fortunes que les abeilles"
Delphine Batho demande au gouvernement de s'opposer à un nouveau pesticide qu'elle estime dangereux pour les abeilles. Une loi va interdire les néonicotinoïdes à partir de septembre 2018, mais l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation (Anses) a autorisé l'utilisation de sulfoxaflor. "C'est clairement une stratégie des firmes pour contourner la loi française", a jugé l'ancienne ministre de l'Ecologie. L'Anses, "applique, hélas, un projet de décret du gouvernement qui a considéré que le sulfoxaflor n'était pas un néonicotinoïde". Delphine Batho demande "le retrait de l'autorisation de cette mise sur le marché".
"Il y a des décisions qui ne vont pas aujourd'hui sur l'écologie au plus haut niveau de l'Etat, où il semble parfois plus facile de protéger les grandes fortunes que de protéger les abeilles ou la santé humaine", a poursuivi l'ex-ministre de l'Ecologie.
Nicolas Hulot n'est pas "Superman"
Assez critique sur les décisions prises par le gouvernement sur les sujets environnementaux, Delphine Batho a déclaré qu'elle ne faisait pas pour autant du "Hulot bashing", en référence au ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot. "Heureusement qu'il est là, mais ce n'est pas Superman. Quand il y a le poids de Monsanto et de toute une série de firmes, si les citoyens ne se mettent pas en mouvement pour se bagarrer, c'est la bataille du pot de fer contre le pot de terre", a-t-elle lancé. "Considérer qu'on ferait avancer l'écologie sur la base d'un échec de Nicolas Hulot au gouvernement est une erreur", a ajouté Delphine Batho. "Je connais la difficulté de sa tâche et il n'y arrivera pas tout seul", a-t-elle ajouté, adressant ce message au ministre : "Tiens bon, bagarre toi".
Regardez l'intégrailté de l'entretien de Delphine Batho sur franceinfo le 26 octobre 2017.
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