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Européennes : Benoît Hamon "ne prendra pas le risque" du plan B de Jean-Luc Mélenchon, "la sortie de l'Europe"

Le fondateur du mouvement Génération-s a une nouvelle fois, jeudi, sur franceinfo, décliné l'offre de "dialogue" du leader de La France insoumise, en vue des élections européennes de 2019.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Benoit Hamon, membre fondateur de Génération-s, ancien candidat socialiste à la présidentielle. (JEAN-CHRISTOPHE BOURDILLAT / RADIO FRANCE)

L'ex-candidat socialiste à la présidentielle de 2017, Benoît Hamon, reste en désaccord avec Jean-Luc Mélenchon sur la question européenne. Le fondateur du mouvement Génération-s, invité jeudi 12 juillet de franceinfo, a expliqué pourquoi il refusait l'offre de "dialogue" émise par le leader de La France insoumise, via Twitter.

"Si c'est le pompier Mélenchon qui envoie les bouées de secours...", a ironisé Benoît Hamon. "Le problème est que Jean-Luc Mélenchon envisage que si le plan A ne marche pas, le plan B soit la sortie de l'euro et de Europe. Ça ne marche pas, a-t-il déclaré. Je ne prendrai pas le risque d'expliquer aux générations futures qu'on sacrifie la seule belle utopie sur laquelle les Européens se sont construits. Une utopie, devenue réalité, certes réduite à un marché et qu'il faudrait pouvoir reconstruire." Selon Benoît Hamon, "le nationalisme de gauche finit en nationalisme tout court".  

Évoquant ses relations avec Jean-Luc Mélenchon, "on ne pourra pas s'entendre sur le principe selon lequel on pourrait risquer de jeter l'Europe parce que le jeu en vaudrait la chandelle, a poursuivi Benoît Hamon. Mais quel jeu ? Celui d'une  élection en 2022. 2022 ne vaut pas de tuer l'Europe d'ici là." 

En revanche, Benoît Hamon affirme que "la porte n'est pas fermée" pour faire des listes communes avec Europe-Écologie-Les Verts aux prochaines élections européennes. "On ne peut pas décréter l'urgence écologique et partir en ordre dispersé aux élections, a lancé l'ex-socialiste. Il y a besoin que cette force-là soit puissante au parlement européen. Sinon, il y a un peu d'écologie dans chaque programme, ça fait de l'écologie partout, mais des écologistes nulle part."

Le refus d'"une démocratie intermittente"

Comme pendant la campagne présidentielle, Benoît Hamon a appelé de ses vœux un changement des institutions. Il estime que "le dysfonctionnement de la Ve République procède d'un vice qui est dans la constitution et qui veut que le président de la République concentre beaucoup de pouvoirs, mais n'est responsable devant personne, sauf le peuple français s'il se représente". Selon Benoît Hamon, "Emmanuel Macron en fait une sorte de jouissance, aujourd'hui, d'exploiter toutes les possibilités que la Ve République offre pour mettre en scène son pouvoir personnel".

Benoît Hamon qualifie le fonctionnement actuel des institutions françaises de "démocratie intermittente". "Entre deux scrutins, nous n'exerçons guère notre devoir de citoyens et je crois que ce serait un grand progrès si les Français étaient plus associés aux décisions qui les concernent et n'attendent pas de la République verticale toutes les solutions à leurs problèmes", a-t-il expliqué.

"La gauche est une famille polytraumatisée"

L'ancien candidat socialiste à l'élection présidentielle a estimé que la gauche s'était trop préoccupée de son identité et pas assez des solutions qu'elle peut apporter aux Français : "Pourquoi avons-nous déçu ? Parce que les solutions que la gauche proposait s'apparentaient à des solutions de droite ou étaient inefficaces à régler les problèmes concrets des Français." Le mouvement Génération-s se propose de renouveler la gauche sous deux angles : "l'écologie" et "le rapport au travail"

L'ancien député des Yvelines regrette "que beaucoup de dirigeants de gauche [aient] un rapport au travail très daté". Il met en avant la numérisation et la financiarisation du travail, qui doivent "amener à penser le travail autrement". Comment les citoyens pourront "continuer à s'épanouir et à s'émanciper s'il y a moins de travail", interroge Benoît Hamon, qui remet sur la table sa mesure phare du revenu universel d'existence. "Je pense que c'est au travers du rapport au travail, de l'écologie et de la démocratie que la gauche se regénèrera et qu'elle sortira de cette phase polytraumatisée", a conclu Benoît Hamon.

Regardez l'intégralité de l'entretien de Benoît Hamon sur franceinfo le 12 juillet 2018.

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