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Grève à la SNCF : "On en a fait infléchir des plus inflexibles" qu'Edouard Philippe, assure Benoît Hamon

Invité sur franceinfo jeudi 5 avril, l'ancien candidat socialiste à l'élection présidentielle a notamment attaqué le ton utilisé par le gouvernement dans le conflit à la SNCF.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Benoît Hamon, membre fondateur de Génération-s. (RADIO FRANCE)

Benoît Hamon, membre fondateur de Génération-s et ancien candidat socialiste à la présidentielle, a demandé ce jeudi sur franceinfo qu'e l'on cesse de présenter les cheminots comme les "derniers des privilégiés". Le fondateur de Génération-s ne s'est pas économisé pour dénoncer le ton utilisé par le gouvernement dans le conflit à la SNCF : "C'est insupportable, surtout venant d'un gouvernement qui vient de faire cinq milliards d'euros de baisse de l'impôt sur la fortune". "Ce discours-là est devenu indigne", a-t-il dénoncé.

"Ce qui est insupportable de la part d'une caste de gens tous très bien portants, Edouard Philippe en tête, tous privilégiés, c'est de cibler aujourd'hui les cheminots en les jetant à la vindicte populaire au motif qu'ils partiraient à la retraite tôt", a-t-il expliqué. Il a rappelé qu'un cheminot "pour partir à une retraite à taux plein doit cotiser 41,5 et bientôt 42 années".

Le Premier ministre Edouard Philippe a dit ce jeudi matin sur France Inter que la fin du statut pour les nouveaux cheminots qui entrent à la SNCF n'était "pas négociable". Un durcissement de ton qui n'est pas du goût de Benoît Hamon qui lance un appel aux Français : "Chaque fois qu'ils ne pourront pas prendre le train qu'ils écrivent une petite lettre et un petit mail à M. Macron et M. Philippe et pas à M. Martinez et aux dirigeants des syndicats", a-t-il proposé. "Ceux qui aujourd’hui provoquent la grève, ce sont ceux qui ont appuyé sur le bouton de la remise en cause d’un statut, mais surtout sur le bouton de la fermeture des petites lignes et des petites gares", a-t-il ajouté.

Ces petites lignes qui sont dans le viseur de la SNCF, selon Benoît Hamon. D'ailleurs, Il accuse le gouvernement de mentir : "C'est la fin d'un service public important en France, assure-t-il. Au prétexte d'une dette réelle qu'il faut gérer, on va fermer des petites lignes contrairement à l'engagement du gouvernement. Il y a là un vrai mensonge d'Edouard Philippe qui avait dit 'je ne reprendrai pas la proposition du rapport Spinetta de fermeture' des petites lignes." "Je ne le crois pas, poursuit Benoît Hamon, parce que la SNCF annonce qu'il y a un plan de fermeture de petites lignes. L'entreprise SNCF ferme des petites lignes mais ce n'est pas le gouvernement."

"On en a fait infléchir des plus inflexibles..."

L'ancien candidat socialiste à la présidentielle a loué l'utilité des petites lignes pour les territoires français : "Ces petites lignes relient les Français les uns aux autres. Ce sont des territoires qui sont déjà en difficulté. Il y a peu d'emplois, il y a de moins en moins de médecins, les écoles sont parfois elles-mêmes menacées de disparition, et on va fermer des lignes de chemin de fer. Le principe du service public jusqu'à présent en France c'était de considérer que tous les Français avaient le droit au même niveau de service et que les lignes excédentaires finançaient les lignes déficitaires." 

"Au nom du service public, a-t-il affirmé, je considère aujourd'hui qu'il faut absolument faire reculer le gouvernement sur cette réforme parce que ce n'est pas une bonne réforme pour les Français d'abord" "On en a fait infléchir des plus inflexibles..."

Interrogé sur ce sujet, Benoît Hamon a qualifié la réforme des institutions proposé par le gouvernement de "petite réforme d'une très mauvaise Constitution". Cette réforme prévoit notamment une baisse du nombre de parlementaires et une dose de proportionnelle pour les législatives.

"Je suis depuis longtemps favorable à une VIe République, c'est-à-dire qu'on change aujourd'hui le fonctionnement de la démocratie française, a estimé le fondateur de Génération-s. La démocratie française respire mal. On le voit à travers l'exercice hypercentralisé du pouvoir, elle permet, non pas une sorte de monarchie constitutionnelle mais on s'en rapproche beaucoup, un exercice très personnel du pouvoir." Selon lui, l'exercice "hypercentralisé du pouvoir" mène à "jouer avec le feu". Aussi appelle-t-il à rester "très attentif" à la qualité de la vie démocratique, ajoutant qu'il était "inquiet" de ces évolutions.

Benoît Hamon, ancien ministre, s'est dit favorable à une dose de proportionnelle "à condition qu'on respecte le Parlement". Il a dénoncé la volonté du gouvernement, finalement abandonnée, d'encadrer le droit d'amendement des parlementaires qui "n'ont déjà pas beaucoup de pouvoir". "Vous êtes dans l'opposition, explique-t-il, vous avez le droit de vous taire, vous êtes dans la majorité vous avez aussi le droit de vous taire", a-t-il assuré. "Je suis favorable à ce qu'il y ait moins de parlementaires à condition que l'on donne des pouvoirs au Parlement. Il n'y a aucun contre-pouvoir sérieux aujourd'hui dans la Ve République", a-t-il conclu.

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