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Guerre en Ukraine : contre-offensive, formation militaire, propagande russe, nucléaire... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Guillaume Ancel

L'écrivain, ancien officier de l'armée française, était l'invité du "8h30 franceinfo", lundi 12 juin 2023.
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Guillaume Ancel, écrivain, ancien officier de l'armée française, sur franceinfo, lundi 12 juin 2023. (RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

Guillaume Ancel, écrivain, ancien officier de l'armée française, était l'invité du 8h30 franceinfo, lundi 12 juin 2023. Contre-offensive ukrainienne, formation militaire, propagande russe, nucléaire, Poutine... Il répondait aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia.

Contre-offensive ukrainienne : "C’est d'une ambition extraordinaire"

La contre-offensive ukrainienne "est d'une ambition extraordinaire", a estimé Guillaume Ancel. Leurs troupes lancent "une offensive majeure. C’est l'opération de libération de l'Ukraine qui est lancée, ce n'est pas une contre-offensive pour récupérer une ville", a-t-il insisté. Les forces ukrainiennes doivent faire face à un front russe de plus de 1 200 kilomètres. "Tous les jours, ils tentent de multiples assauts contre le dispositif russe", explique-t-il. Guillaume Ancel a détaillé la tactique des militaires ukrainiens : "lls font entre 10 et 20 offensives par jour. Pour l'instant, il cogne sur le mur comme contre une vitre blindée. Quand on veut détruire une vitre blindée, on s'acharne dessus. Et normalement, au 10e ou au 15e coup, la vitre s’effondre toute seule", a-t-il poursuivi. Il faudra selon lui "plusieurs semaines" avant qu’ils n'arrivent à casser le front russe.

Formation militaire : "Les Ukrainiens se battent mieux que personne"

Guillaume Ancel a salué la maîtrise des Ukrainiens au combat : "Cela fait seize mois qu'ils se battent, ils se battent mieux que personne", dit-il. Par contre, "ce qu’ils ne savent pas faire, c'est coordonner une opération complexe, c'est-à-dire vraiment arriver à synchroniser de l'artillerie, de l'infanterie, du blindé, du renseignement. C'est nous qui leur avons appris à un haut niveau", a-t-il affirmé. Il a rappelé que les 50 pays alliés de l’Ukraine ne sont pas tous occidentaux. Il a salué le rôle des "Marocains", par exemple. Selon lui, les Occidentaux fournissent également du renseignement et qui est une chose essentielle".

Propagande russe : "On s’est laissé tromper" sur la capacité de l’armée russe

Alors qu’on pensait que la Russie n'allait faire qu’une bouchée de l’Ukraine, 16 mois après le début de la guerre, beaucoup d’observateurs militaires admettent aujourd’hui s’être trompés. "Pourquoi est-ce qu'on s'est laissé tromper par la propagande russe ? Parce que même Poutine s'est laissé intoxiquer par la puissance de son armée", a affirmé l’ancien militaire. L'homme fort du Kremlin "a mis énormément d'argent pendant 20 ans" dans son armée. Mais cette dernière "a fonctionné comme la société de Poutine", a-t-il expliqué. "C'est devenu une société mafieuse qui a détourné une grande partie des fonds qui ont disparu dans des poches privées et au lieu d'acheter le matériel très moderne qu'ils montraient à tout le monde, en fait, il n'en avait pas de stocks", a-t-il affirmé. En fait l’armée russe, "c’est l’armée soviétique, c’est l’armée d’il y a 40 ans".

Attaques ukrainiennes sur le territoire russe : pas de "moyens Occidentaux" pour "frapper le territoire russe"

Ces dernières semaines des incursions ont été menées sur le territoire russe. Elles n'ont jamais été revendiquées par Kiev. "Ce sont des Russes qui vont se battre contre les Russes", assure Guillaume Ancel. L’ancien militaire n’imagine pas que les troupes ukrainiennes puissent entrer sur le sol russe : "On a un accord très strict avec les Ukrainiens sur le fait qu'ils ne doivent pas aller se battre sur le territoire russe. Les moyens occidentaux n'ont pas été engagés pour aller détruire des cibles russes sur le territoire russe", a-t-il expliqué.

Menace nucléaire : "Pas une option"

Vladimir Poutine a agité à de multiples reprises la menace nucléaire. Il vient d'annoncer le déploiement d'armes nucléaires tactiques en Biélorussie le mois prochain. "Poutine utilise le mot nucléaire une fois par mois comme un métronome. Le problème avec le nucléaire, c'est que c'est d'abord une arme de menace. Ce n'est pas une arme de guerre, on ne sait pas faire la guerre nucléaire", a expliqué Guillaume Ancel. L’ancien militaire ne pense pas que Poutine puisse passer l’acte au vu des conséquences : "L’OTAN depuis longtemps a envoyé le message à ses états-majors que s'il utilisait une arme nucléaire, en Ukraine ou contre l'OTAN, l'OTAN détruirait avec ses armes classiques tout ce qui reste de l'armée russe en Ukraine", a-t-il indiqué. Selon lui, Poutine "a un choix assez cornélien à faire. Soit après lui le déluge et c'est ça que tout le monde craint, soit il a encore un tout petit peu de rationalité. Le nucléaire n'est pas une option", affirme l'ancien militaire français.

La fin de Poutine : "Seulement les Russes" peuvent "l'éliminer"

Guillaume Ancel pense "que la guerre s'arrêtera avant que les Ukrainiens n'atteignent la Crimée". Selon lui, si le président ukrainien Volodymyr Zelensky "déstabilise le dispositif militaire russe et le met en échec, le pouvoir de Poutine vacille". "Il n'y aura pas de paix durable en Europe tant que Poutine sera au pouvoir. Mais qui peut éliminer Poutine ? Seulement les Russes, il n'y a que son régime qui peut l'éliminer et c'est ce qu'ils feront dès le moment où ils seront en échec pour ne pas être emportés par son échec", a-t-il expliqué. 

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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du lundi 12 juin 2023 :

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