Guerre en Ukraine, dissuasion nucléaire, viste de Xi Jinping ... Le 8h30 franceinfo de François Lecointre

L'ancien chef d'état-major des Armées et auteur de "Entre guerres", était l'invité du "8h30 franceinfo", lundi 6 mai 2024.
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François Lecointre, sur franceinfo, le 6 mai 2024 (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Le Général François Lecointre, ancien chef d'état-major des Armées et auteur de "Entre guerres" aux éditions Gallimard, était l'invité du "8h30 franceinfo", lundi 6 mai 2024. La possibilité d'envoyer des troupes françaises en Ukraine, la dissuasion nucléaire, la visite du président chinois en France... Il répondait aux questions de Salhia Brakhlia et Jérôme Chapuis.

"L’Occident, en particulier l’Europe, s’est enfermé dans une bulle assez virtuelle" face aux conflits

"Le Président ne dit rien au hasard", estime François Lecointre. Selon lui, les propos réaffirmés par Emmanuel Macron sur l'envoi possible de troupes au sol en Ukraine participent à une volonté "d'éveiller les consciences", alors que "l'Europe s'est enfermée dans une bulle virtuelle, dans laquelle elle ne voulait pas regarder les conflits qui continuent à se dérouler partout dans le monde". "On se flatte d'être capable de dire que nous allons délibérément renoncer à la guerre, sauf qu'en réalité, ce n'est pas nous qui choisissons. La guerre est un phénomène qui est profondément lié à l'homme, à la violence que l'homme a au cœur, et à la vie des relations internationales", explique-t-il.

Une vision née en Europe, au lendemain des deux conflits mondiaux. À travers la construction européenne, le continent a souhaité "établir un modèle d'élaboration politique très différent, qui nous exonérerait de la guerre". L'Europe a donc construit cette philosophie où "l'on considère que la guerre est la pire des barbaries, et donc on veut absolument l'effacer, la délégitimer entièrement, la nier". Une position qui n'est cependant pas propre à l'Occident dans son ensemble puisque, selon l'ancien chef des armées, "les États-Unis, eux, continuaient à se préparer à la guerre, à avoir une vision des relations internationales fondée sur les rapports de force".

Il voit donc une stratégie dans les propos d'Emmanuel Macron sur l'envoi possible de troupes au sol en Ukraine, formulés fin février et réaffirmés en fin de semaine dernière dans le journal anglais The Economist, et les journaux français La Provence et la Tribune Dimanche. "Dans son message, il y a plusieurs cibles : il s'adresse à la Russie et à nos partenaires européens, mais ça s'adresse également à notre opinion publique, et je pense que dans les démocraties, le rôle des dirigeants est d'être capable d'éveiller les consciences".

"Si vous définissez la ligne rouge que vous avez fixée, vous vous contraignez à une perte de liberté d'action le jour où cette ligne est franchie "

Le Président Emmanuel Macron a ouvert le débat autour de l'arme nucléaire française dans la défense européenne. "La doctrine de la dissuasion nucléaire française s'élabore à travers les déclarations publiques des différents Présidents", rappelle François Lecointre."Chaque discours d'un Président de la République doit être scruté, analysé, avec beaucoup d'attention. En matière nucléaire, il est possible d'intervenir si les intérêts vitaux de la France sont menacés, mais le flou demeure autour de cette notion, et pour une bonne raison", pointe-t-il.

Est-ce que s'attaquer à un territoire de l'Union européenne revient à s'attaquer aux intérêts de la France ? "La France a toujours refusé de définir de façon trop précise ce qu'étaient ses intérêts vitaux, évidemment" répond-il. "C'est comme le principe de la ligne rouge : si vous la définissez précisément, vous vous contraignez à une perte de liberté d'action le jour où cette ligne est franchie". L’ancien chef d'état-major ajoute que ce serait "autoriser l'ennemi à aller jusqu'à l'extrême proximité de cette ligne rouge et avoir toute liberté d'action."

Il résume donc,"on est dans des relations internationales avec un vocabulaire et une grammaire qui n'interdisent pas que les déclarations publiques puissent être utilisées pour choquer, pour surprendre, pour étonner et pour provoquer des réactions".

Visite de Xi Jinping : "C’est un acteur majeur du monde qui vient"

Le président chinois Xi Jinping, en visite pour deux jours en France, n'est "ni un ami, ni un rival, c’est un acteur majeur du monde qui vient", selon François Lecointre.

"Ce que souhaitent les Européens, c’est que le monde qui vient" ne se fasse pas uniquement "entre les États-Unis et la Chine". Il faut être "capable d’assumer" une "relation de forces", de "négociations" et la France "peut avoir un rôle à jouer".

Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du lundi 6 mai 2024 :

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