"Il y a des responsabilités à Bruxelles dans les excès de l'ultra-libéralisme" estime Michel Barnier
Le négociateur en chef de l'Union européenne pour le Brexit, invité du "8h30 Fauvelle-Dély", mercredi 27 février, estime que ces excès sont en partie responsable de la colère sociale en France et donnent un argument aux partisans du Brexit.
"Il y a des responsabilités à Bruxelles, depuis une trentaine d’années, notamment dans les excès de l’ultra-libéralisme, dans une certaine naïveté des échanges commerciaux", a jugé Michel Barnier, ce mercredi au micro de franceinfo, à propos du mouvement des "gilets jaunes" en France et des partisans du Brexit en Grande-Bretagne.
"Ce temps-là est fini, les leçons sont tirées. Il y a des réponses nationales. Personne n’a obligé la France à abandonner une partie de son industrie, l’Allemagne ne l’a pas abandonnée, les Pays-Bas non plus, l’Italie non plus", a poursuivi le négociateur en chef de l'Union européenne pour le Brexit.
Personne n’a obligé la France à abandonner une partie de son industrie
Michel Barnierà franceinfo
"Je pense qu’il faut écouter cette colère, elle s’est exprimée chez nous au début dans les manifestations de 'gilets jaunes'. Je pense que les hommes politiques, dans chaque pays au niveau européen, doivent écouter, comprendre et répondre. Ce sentiment qui s’est exprimé au Royaume-Uni à travers le Brexit, c’est souvent une colère sociale", a détaillé l'ancien commissaire européen.
Pourtant, Michel Barnier ne "croit pas" qu'il puisse y avoir une majorité nationaliste aux élections européennes de mai prochain : "Le pire n’est jamais sûr. Ces nationalistes ou ces populistes qui exploitent souvent les colères sociales, vous les entendez beaucoup moins en France, en Italie ou ailleurs revendiquer la sortie de leur pays de l’Union européenne ou de la zone euro", a estimé le négociateur.
Reporter le Brexit : pour quoi faire ?
"Objectivement, on n'a pas besoin de plus de temps, on a besoin de décisions", estime Michel Barnier. Toutefois, si les Britanniques demandent un report de la date du Brexit qu'ils "ont eux-mêmes choisi", cela serait possible, si les 27 l'acceptent à l'unanimité. "Et la question qu'ils poseront immédiatement, c'est 'pour quoi faire ?'. C'est cela qui déterminera la durée d'une éventuelle prolongation", explique le négociateur en chef de l'Union européenne.
Pour Michel Barnier, à un mois de l'échéance, l'hypothèse d'un accord est toujours d'actualité. Le "no-deal", "C’est une possibilité, ce n’est pas encore une probabilité" pour le chef des négociations de l'UE pour le Brexit. "Je fais tout, comme négociateur, avec mes équipes, le soutien des 27 chefs d’Etat, du Parlement européen, pour précisément aboutir à un deal, a-t-il martelé.
Les Britanniques doivent "dialoguer" entre eux
Interrogé sur l'hypothèse d'un nouveau référendum sur le Brexit outre-Manche, Michel Barnier rappelle qu'il n'a pas "à intervenir dans le débat pour ou contre un second référendum, de nouvelles élections. C'est l'affaire des Britanniques."
Quelle que soit l'issue des négociations qu'il mène, Michel Barnier a rappelé sa position : "le Brexit, c'est lose-lose" avec des "conséquences plus lourde pour le Royaume-Uni".
Les Républicains doivent "clarifier leur ligne" sur l'Europe
Interrogé sur son vote lors des élections européennes au mois de mai, l'ancien ministre de l'Agriculture de Nicolas Sarkozy a appelé François-Xavier Bellamy à expliciter la ligne politique de la liste qu'il conduit. "Ce qui m'importe, c'est que ce mouvement [Les républicains] clarifie sa ligne, notamment sur des sujets fondamentaux, comme la souveraineté européenne, qui est un enjeu majeur, qui ne remplace pas la souveraineté nationale, qui s'y ajoute. Ce n'est pas clair aujourd'hui", a dit Michel Barnier.
Retrouvez l'intégralité de l'émission "8h30 Fauvelle-Dély" du mercredi 27 février 2019 :
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