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Inflation, salaires, retraites... Le "8h30 franceinfo" de Pierre-Olivier Gourinchas

Le chef économiste du Fonds monétaire international était l'invité du "8h30 franceinfo", mercredi 10 mai 2023.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du Fonds monétaire international, invité du "8h30 franceinfo", mercredi 10 mai 2023. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Pierre-Olivier Gourinchas, chef économiste du Fonds monétaire international était l'invité du 8h30 franceinfo, mercredi 10 mai 2023. Inflation, salaires, retraites, Russie... Il répond aux questions de Marc Fauvelle et Salhia Brakhlia.

Inflation : "On commence à voir le début du bout du tunnel"

"On commence à voir le début du bout du tunnel", réagit Pierre-Olivier Gourinchas au sujet de l'inflation qu'il qualifie de "globale". Elle est l'effet, explique-t-il, des mesures gouvernementales prises pendant le Covid-19 et de la guerre en Ukraine. "Lorsqu'on regarde l'inflation totale, les taux ont commencé à baisser parce que les prix de l'énergie ont commencé à baisser" mais ce n'est pas le cas pour "l'inflation sous-jacente". Pour l'économiste, la bonne nouvelle est "qu'on a arrêté d'augmenter, mais on n'a pas encore commencé à baisser". Concernant les prévisions, le FMI estime que "ça va se faire lentement" et table sur un "retour vers les cibles d'inflation fin 2024, courant 2025."

Inflation alimentaire : "Le prix des biens alimentaires va rester élevé"

Le chef économiste du FMI reconnaît que cette inflation "reste encore trop élevée" et anticipe "qu'elle va décroître en 2023 et encore en 2024, mais de manière plus modérée que les prix de l'énergie". Il alerte donc : "Même si l'inflation décroît, le prix des biens alimentaires va rester élevé."

Salaires : "On peut s'attendre à ce qu'il y ait un rattrapage"

Questionné sur les salaires, Pierre-Olivier Gourinchas explique que "les prix ont augmenté plus rapidement que les salaires" et que donc "on peut s'attendre à ce qu'il y ait un rattrapage des salaires, ça paraît assez normal", selon lui. La situation sur le marché du travail en France, mais aussi dans d'autres pays, est jugée "plutôt bonne". Il revient donc sur l'idée selon laquelle la hausse des salaires serait une des causes de l'inflation : "Ce qui permet de dire que ce n'est pas une source d'inflation permanente, c'est que les marges des entreprises ont augmenté et qu'elles peuvent, en moyenne, absorber cette augmentation des coûts salariaux". L'économiste se veut donc rassurant : "Il ne faut donc pas nécessairement s'alarmer s'il y a un rattrapage des salaires."

Dette française : "Il faut reconstituer les coussins"

La dette française atteint actuellement les 3 000 milliards d'euros. La France est le seul pays à ne pas réduire son endettement d'ici à 2028. Pierre-Olivier Gourinchas explique que cette situation est liée aux mesures prises par le gouvernement : "Pendant la crise du Covid et pendant la crise énergétique, on a eu un engagement de dépenses dans beaucoup de pays y compris la France, pour protéger." Ces mesures (le "quoi qu'il en coûte", le bouclier énergétique ou encore le bouclier tarifaire) ont été "très coûteuses". Le FMI parle d'environ "2,25% du PIB en 2021 et en 2022".

Ces aides "doivent être retirées du circuit" puisque la situation s'améliore, mais le FMI souhaiterait que ça aille plus vite : "La vitesse d'un retour à un sentier d'équilibre nous semble plus lente que ce qu'on souhaiterait voir." Pour le Fonds monétaire international, il faut à présent "reconstituer les coussins".

Baisse de la note de la France par Fitch : "On n'est pas du tout dans une situation qui s'approcherait de celle en Grèce"

Concernant la note dégradée de la France par l'agence de notation Fitch fin avril, le FMI se veut là encore rassurant : "Le FMI recommande une consolidation budgétaire un peu plus forte à moyen terme. Il s'agit d'avoir un programme de rétablissement des comptes publics un peu plus agressif à l'horizon 2027-2028". Quant à savoir si la situation de la France est proche de celle de la Grèce après la crise de 2008, Pierre-Olivier Gourinchas est catégorique : "On n'est pas du tout dans une situation qui s'approcherait, même de loin, de la situation grecque. Il ne faut pas dramatiser sur ces questions-là. C'est tout à fait maîtrisable".

Retraites : "Le FMI a dit qu'une réforme structurelle de ce type était plutôt favorable"

Que pense le FMI de la réforme des retraites ? Pierre-Olivier Gourinchas répond que le FMI "a dit qu'une réforme structurelle de ce type était plutôt favorable dans ce contexte français". Il s'appuie sur "deux volets" considérés comme "légitimes" par l'institution, car ils permettent de "consolider davantage les finances publiques" et "d'augmenter le taux de participation à l'emploi des seniors". Ce taux est actuellement considéré comme "faible" par rapport à d'autres pays. En cause, le fait que les seniors partent à la retraite "assez tôt." Ce changement va donc permettre d'"augmenter la capacité productive de l'économie".

Russie : "Ce n'est pas une mort subite, c'est un étranglement les sanctions"

"En Russie, le choc est cumulatif", explique l'économiste. "En termes de niveau de vie, le pays a arrêté de converger vers le reste des pays européens." Pour le FMI, ce choc va donc être "permanent" et sans "rattrapage". D'après Pierre-Olivier Gourinchas, il faut donc voir ça sur le long terme : "Les sanctions vont avoir un effet cumulatif, ce n'est pas une mort subite, c'est un étranglement."

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Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du mercredi 10 mai 2023 :

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