Note de la France par l'agence S&P : l'économiste Élie Cohen s'attend à "une dégradation" mais rassure sur ses conséquences
"Je m'attends à une dégradation" de la note de la France par S&P, déclare vendredi 2 juin sur franceinfo l'économiste Élie Cohen, directeur de recherche au CNRS. Cette agence de notation américaine doit rendre son verdict dans la soirée. Au mois d'avril, sa concurrente Fitch a déjà baissé la note de la France à "AA-". Elle a estimé, entre autres, le contexte politique et social représentait un risque pour le programme de réformes d'Emmanuel Macron.
Le gouvernement ne montre pas "une très grande capacité à réformer" selon Elie Cohen
"On va dégrader" pour "essentiellement trois raisons", explique Élie Cohen. D'abord, parce que "le gouvernement français, sur la longue durée, ne manifeste pas une grande capacité à maîtriser les finances publiques et à faire baisser durablement les dettes et les déficits". "La deuxième chose, c'est que le gouvernement ne manifeste pas non plus une très grande capacité à réformer", en dépit de la réforme des retraites.
"La troisième raison", enfin, "c'est qu'à court terme, on continue à avoir des niveaux de déficit et de dette plus élevés que ceux de nos voisins et que la perspective du retour en dessous des 3%, c'est, si je comprends bien, 2027". Faut-il s'attendre à un impact sur le quotidien des Français, dans l'hypothèse où son pronostic serait le bon ? "Je ne crois pas", répond-il.
"La France a un État solide, un système fiscal qui fonctionne bien"
Le risque, pour la France, c'est de devoir emprunter plus cher. Là non plus, il ne "croit pas" que ça va se produire. "Soyons sérieux deux minutes, est-ce que quelqu'un croit que la France risque d'être insolvable ?", lance-t-il. "La France a un État solide, un système fiscal qui fonctionne bien et des citoyens qui payent rubis sur l'ongle leurs impôts", insiste-t-il.
Il rappelle que "nous sommes dans des économies libres, ouvertes et les investisseurs ont le droit de prendre ou ne pas prendre en considération les signaux que leur donnent les agences de notation". "D'ailleurs, que s'est-il passé après la précédente dégradation [par Fitch] ? Est-ce que ça a eu un impact sur le placement de la dette française ? Pas du tout. Est-ce que la situation de la France s'est dégradée par rapport à l'Allemagne ? Pas du tout", souligne-t-il.
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