Séisme à Marrakech, relation avec le Maroc et sentiment anti-Français en Afrique de l'Ouest... Ce qu'il faut retenir de l'interview de Dominique de Villepin

L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin était l'invité du 8.30 franceinfo du 11 septembre 2023. Séisme à Marrakech, relations avec le Maroc et sentiment anti-Français en Afrique de l'Ouest... Il répondait à Salhia Brakhlia et Jérôme Chapuis

Séisme au Maroc : "une émotion considérable"

Dominique de Villepin, né à Rabat, fait part de "sa profonde émotion" après le séisme qui a provoqué la mort d'au moins 2 100 personnes, selon un bilan encore provisoire. "Il faut mesurer cette relation si particulière qui existe entre la France et le Maroc. Ce n'est pas seulement deux millions de Marocains ou de binationaux vivants en France, ce sont aussi 5 000 Français qui vivent là-bas et quatre millions de touristes chaque année. C’est une émotion considérable", assure-t-il.

"Il est important pour la France de mettre son drapeau dans sa poche"

Les relations sont "difficiles" entre Emmanuel Macron et le roi du Maroc Mohammed VI, reconnaît Dominique de Villepin, ancien Premier ministre. "Nous n'avons jamais connu une accumulation de tensions aussi durables." Le Maroc, touché de plein fouet par un séisme dans la région de Marrakech, a autorisé officiellement l'aide de l'Espagne, de la Grande-Bretagne, du Qatar, et des Émirats arabes unis, mais pas celle de la France. "Nous devons faire preuve d'humilité", explique l'ancien diplomate. "Il est important pour la France de mettre son drapeau dans sa poche", estime-t-il.

"Pour les Africains, l'emblème même de la Françafrique, c'est la présence militaire"

La France pêche par "méconnaissance" de l’Afrique, analyse Dominique de Villepin, alors que la présence militaire française est contestée dans plusieurs pays, le plus récemmentt au Niger. "Beaucoup des erreurs que nous avons commises dans cette région depuis 2013 sont dues à l'incapacité à ouvrir les yeux et ouvrir les oreilles sur des réalités que nous comprenons mal", juge celui qui a été ministre des Affaires étrangères entre 2022 et 2004. "La présence militaire ne peut pas se faire sur ce mode traditionnel, c'est-à-dire le mode des interventions, le mode des bases, tout ceci est dépassé", explique l'ancien chef de gouvernement. "Pour les Africains, l'emblème même de la Françafrique, c'est la présence militaire", observe-t-il, ce qui conduit "à un rejet de la France".

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