"L’Agent" de Pascale Dietrich chez Liana Levi

Pascale Dietrich est sociologue, elle travaille sur les populations précaires et les inégalités. Elle est l’auteure de plusieurs comédies noires, notamment "Les Mafieuses" et "Faut pas rêver". "L’Agent" est son cinquième roman. Une fable humaniste et touchante.
Article rédigé par Gilbert Chevalier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
"A livre ouvert", la sélection de Gilbert Chevalier, tous les samedis et dimanches cet été. (2011 JAZID / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Ce polar humoristique, que l'on pourrait aussi appeler comme au cinéma la comédie policière, vit en France une sorte de renouveau avec des auteurs nombreux, talentueux, comme Pascale Dietrich. On pourrait aussi citer Jacky Schwartz, Sébastien Gendron, Hannelore Cayre ou encore Benoît Philippon. On pourrait également citer quelques auteurs plus anciens, qui ont excellé dans le genre, Frédéric Dard, ADG, Thierry Jonquet ou Fred Kassak.

Le point commun à tous ceux d'hier et d'aujourd'hui : une forme d'ironie face aux événements, beaucoup d'humour noir, et des personnages qui apprécient plutôt librement les codes sociaux et autres règles morales qui s'imposent à la plupart, et à la société. L'auteur se charge, lui, de trouver les situations, les rebondissements les plus improbables. Alors L'Agent de Pascale Dietrich, c'est l'histoire d'un beau et talentueux jeune homme qui a une revanche à prendre sur la vie, et qui devient agent de tueurs, après avoir été lui-même tueur à gages. Une sorte de découvreur de talents.

Et parmi ces pépites en devenir qu'il veut guider, une ancienne biathlète dont la brillante carrière sportive a été interrompue brutalement, et qui va lui attirer de gros ennuis, en ne respectant pas scrupuleusement les codes en vigueur dans ce petit monde des tueurs à gages.

L'Agent devient la cible d'un de ses clients : un caïd redoutable

Alors c'est avant tout un roman policier, et il faut évidemment des rebondissements, des ressorts narratifs susceptibles de captiver le lecteur. L'Agent doit fuir pour se protéger de ce caïd vindicatif. Et la solution apparaît en la personne d'une vieille dame, qui elle aussi veut trouver une planque pour échapper à l'EHPAD que lui promet son neveu, trop attentionné. Et cet attelage totalement loufoque va se cacher dans un camping de Vierzon.

Alors le tête à tête entre les deux est savoureux, décalé, quand ils ne sont pas au milieu d'un petit monde de campeurs ordinaires mais attachants. Vous voyez le genre : apéro, barbecue, pétanque, karaoké, feu d'artifice et bien sûr, grande solidarité. Alors la planque ne va durer qu'un temps. L'agent va devoir se débarrasser de ses poursuivants enragés. La vieille dame sera son alliée, et pas des moindres, tout comme la tireuse d'élite qui a tout provoqué. Le tout se terminera bien.

Pascale Dietrich, par ailleurs docteur en sociologie, montre une nouvelle fois un humour décapant. Déjà lu dans Les mafieuses ou Faut pas rêver. Elle sait trouver la tonalité, l'absurdité de certaines situations, provoquer les rencontres. La vieillesse, la solitude, la nécessité de coopérer, la solidarité entre générations, et une certaine éthique dans le travail, seraient chez d'autres les thèmes d'un roman très sérieux ou un essai. Pascale Dietrich en fait une sorte de fable humaniste et touchante.

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