"Mollesse" de Franck Mignot
Mollesse publié aux éditions P.O.L, c'est un court et très incisif premier roman que nous propose Franck Mignot, psychologue en Bretagne, quand il n'écrit pas. Et ça peut expliquer la plongée très profonde dans le psychisme désarticulé du narrateur de son roman. C'est lui le maître de ce récit, raconté de son point de vue.
Ce narrateur, père de famille, trois enfants, banalement marié, et plus vraiment amoureux de sa femme – et sans doute réciproquement – cet homme nous emmène dans son quotidien, dans la banalité d'une vie familiale et sociale, sorties d'école, échanges insignifiants avec d'autres parents, repas familiaux sans saveur, promenades dominicales, sorties à la plage en passe, etc.
Il regarde sa vie s'écouler avec détachement, quand ce n'est pas avec un peu d'amertume. Franck Mignot reste évasif sur les détails de la vie de cet homme, les autres personnages ou encore les lieux qu'il fréquente. Il y a une sorte d'impressionnisme décidé par l'auteur, sans doute pour focaliser l'attention du lecteur sur le seul ressort qui emmène doucement, mais sûrement le narrateur à la catastrophe.
Impossible, évidemment, de vous raconter la fin de Mollesse, mais vous le verrez, Franck Mignot ne fait pas vraiment dans la demi-mesure. Alors, le monde autour de cet homme semble silencieux. En retour, il s'enferme dans ce silence. Rien n'a plus d'importance pour lui. Sa vie se déroule mécaniquement vers la catastrophe, si ce n'est quelques fantasmes d'adultère, sans doute quelques restes du mal dominant qu'il a été, ou qu'il aurait pu être. Et ça donne un nouveau roman sur cette sorte de burn-out, épidémie qui semble frapper les classes moyennes, pourtant gâtées par leur vie matérielle.
La tonalité générale n'est pas loin d'Aurélien Delsaux et son dernier roman, Requiem pour la classe moyenne, dont on a parlé dans cette chronique. Mollesse, c'est un roman noir, très noir, et le narrateur nous dit au début du livre que son histoire vaut d'être racontée. J'ajouterai qu'elle vaut d'être lue.
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