Sommet international sur l'océan du 9 au 11 février à Brest : accélérer l'agenda pour la protection des océans
Le One Ocean Summit (sommet international sur l'océan) débute mercredi 9 février à Brest. Toute la question est de savoir si des engagements concrets sortiront des discussions.
Brest va accueillir le One Ocean Summit du 9 au 11 février prochains, et Emmanuel Macron veut en faire un moment clé de la présidence française du conseil de l'Union européenne.
Ce sommet international va regrouper près de 400 experts et une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement. L'idée est d'accélérer l'agenda international pour la protection des océans. 2022 est une année importante car plusieurs rendez-vous internationaux sont d'ores et déjà programmés, pour prendre des mesures en faveur de la protection de la planète bleue.
Dans les prochaines semaines, l'arrêt du plastique sera au coeur de l'assemblée des Nations Unies pour l'environnement, prévue à Nairobi au Kenya. En mars, il y aura des négociations sur la biodiversité au sein même des Nations Unies à New York. Ces rendez-vous se poursuivront avec la COP15 sur la biodiversité, prévue au printemps, à Kunming en Chine, le sommet de l'ONU sur les océans en juin à Lisbonne, et en novembre, la conférence sur les changements climatiques à Sharm el-Cheikh en Egypte.
Un océan en bonne santé, c'est un climat préservé
Catherine Chabaud est profondément engagée dans la protection des océans. L'ancienne navigatrice est aujourd'hui députée européenne et croit à l'action politique pour changer les choses.
"J'attends beaucoup de ce sommet. Ce n'est pas une réunion franco-française, tous les États travaillent et se mobilisent aujourd'hui."
Catherine Chabaud, députée européenne, ancienne navigatriceà franceinfo
Au niveau européen, toute l'attention est portée aujourd'hui sur la mise en oeuvre du pacte vert, ce fameux "green deal" qui devrait permettre de faire entendre la voix de l'océan. L'une des priorités aujourd'hui est de financer la restauration des écosystèmes terrestres, mais Catherine Chabaud plaide pour que soit menée une action identique pour les écosystèmes marins : les mangroves, les grandes algues, les herbiers ou les zones humides côtières.
L'ancienne navigatrice reconnaît que certains dossiers "patinent" comme le traité sur la haute mer dont l'objectif est de préserver la biodiversité au delà des zones économiques exclusives. "Actuellement c'est un vide juridique, dit-elle, la lutte contre le plastique est une priorité, mais pas seulement !"
Actuellement, nous rejetons à la mer 11 millions de tonnes de plastique par an, et ce chiffre devrait doubler d'ici 2020. Catherine Chabaud est favorable à la mise en place de mesures contraignantes, mais elle affirme que les choses avancent petit à petit. La France est même un peu en avance, assure-t-elle, grâce à la loi anti-gaspillage et économie circulaire de Brune Poirson, l'ancienne secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire.
Le plastique est un fléau mais la députée européenne estime qu'il faut aussi s'attaquer à la pêche illégale, qui est un autre vrai fléau à travers le monde. Elle souhaite aussi que des mesures soient prises pour la création d'aires marines protégées en Antarctique. Actuellement, les réunions de la commission pour la préservation de la biodiversité marine en Antarctique sont au point mort, car la Chine et la Russie s'y opposent depuis près de 8 ans !
L'océan, bien commun de l'humanité
Depuis son arrivée au parlement européen, Catherine Chabaud et plusieurs scientifiques comme l'océanographe Françoise Gaill, plaident pour que l'océan soit classé "bien commun de l'humanité". Elles vont d'ailleurs profiter du "One Ocean Summit" pour lancer un appel pour la création d'une "COP océan", sur le modèle de la COP pour le climat, afin d'obtenir des objectifs concrets et contraignants pour la protection de l'Océan.
Catherine Chabaud souhaite aussi la mise en place d'un GIEC de l'océan avec le développement d'un jumeau digital de l'océan, qui permettrait d'approfondir notre connaissance des océans grâce à la collecte de données internationales.
Catherine Chabaud estime également qu'il faut que l'on favorise une meilleure gestion des déchets, en particulier ceux qui sont balayés par les eaux pluviales et qui se retrouvent dans l'océan, comme on a pu le constater il y a quelques mois, à Marseille.
L'Europe doit devenir la championne des navires verts
Le transport maritime va devoir évoluer et faire sa mutation. Il faut savoir que 90% des objets de notre quotidien arrivent chez nous par la mer car nous importons beaucoup. Avec l'objectif de neutralité carbone en 2050, le secteur va devoir réduire de 90% ses émissions de CO2, ce qui est considérable.
De nombreuses pistes sont actuellement développées comme la propulsion vélique, mais il faut aller encore plus loin, estime la députée. "L'Europe à un savoir-faire très important et doit devenir la championne des navires verts", dit-elle. Et de citer l'exemple d'un bateau qui est actuellement en construction en Europe ."Dans quelques mois, il va transporter les pièces de la fusée européenne Ariane en Guyane".
La mer est un enjeu stratégique pour l'Europe, estime Catherine Chabaud qui reconnaît que les États et les industriels se mobilisent. L'ancienne navigatrice estime que le One Ocean Summit ne s'adresse pas seulement aux États, qui doivent s'engager au même titre que le monde industriel, les collectivités et les citoyens.
" N'oublions jamais qu'une respiration sur deux est fournie par l'océan, car c'est l'océan qui produit l'oxygène que nous respirons."
Catherine Chabaudà franceinfo
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.