Erreur judicaire : des chercheurs veulent utiliser la réalité virtuelle pour évaluer la crédibilité des témoins
Tout le monde n’a pas la même capacité à se souvenir des visages ou de certains événements. Pourtant, c'est à cette mémoire incertaine qu'on a recours pour obtenir des témoignages clés dans une affaire.
L’histoire incroyable d'un homme qui vient d’être innocenté aux États-Unis l'atteste encore. Il a passé 48 ans en prison, alors qu’il était innocent. L’essentiel de sa condamnation reposait sur un seul témoignage : celui d’une adolescente qui affirmait l’avoir reconnu lors d’une séance d’identification. Désormais on cherche des moyens d’arriver à jauger ces témoignages grâce à la technologie. Notamment en évaluant la capacité des témoins à mémoriser les visages.
Reproduire les conditions du réel
Concrètement, cela ressemble un peu à un jeu vidéo. On commence par faire visionner à la personne des scènes de la vie de tous les jours. Il s'agit de films en 3D dans un casque de réalité virtuelle, pour une immersion totale. Au milieu de ces scènes, on insère des délits mineurs. Par exemple, un pickpocket au milieu de la foule, quelqu’un en train de fuir ou qui porte une arme.
Une fois le visionnage terminé, plusieurs exercices sont proposés. Par exemple, décrire une scène précise ou un agresseur en particulier, puis essayer de le reconnaitre dans une série de photos. Et c’est en analysant ces résultats, qu’on arrive à se faire une idée plus précise de la crédibilité du témoin. Cette technique est développée actuellement par des chercheurs de l’Université d’Iéna en Allemagne.
Un outil à manier avec précaution
Ce n’est pas encore utilisé dans les audiences ou les enquêtes. Pour l’instant, c’est uniquement de la recherche. Une recherche, qui doit d’ailleurs être affinée, parce que le témoignage peut être impacté par le stress, surtout quand on est victime. Certes, la réalité virtuelle est très immersive, mais elle peut également troubler et déconcentrer. Donc c’est un outil qu’il faudra manier avec précaution.
En tout cas, ces travaux sont suivis de près par les associations qui luttent contre les erreurs judiciaires. L'une d’entre elles, Projet Innocence aux États-Unis, donne des chiffres : il y avait un témoignage incorrect dans 64% des affaires où ils ont réussi à faire libérer des personnes condamnées à tort. C'est près de deux cas sur trois. Il était temps de commencer à se pencher sur la question.
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