L’Autorité internationale des fonds marins se réunit pour discuter de l'exploitation des minerais dans les abysses
Les 168 pays membres de l’Autorité internationale des fonds marins se remettent à la table des négociations, du 30 octobre au 8 novembre, en Jamaïque. L’enjeu pourrait se résumer ainsi : faut-il autoriser une rue vers l’or à 20 000 lieues sous les mers ?
Parce qu’on a découvert un véritable trésor dans les abysses. Les petits geysers que l’on voit dans les reportages sur les fonds marins crachent des fumées de métaux qui viennent du centre de la Terre. On retrouve à proximité du cuivre, de l’or, du manganèse, du cobalt… Il y a énormément de terres rares - ces métaux devenus indispensables pour les batteries et les panneaux solaires, le tout à des concentrations dix à mille fois supérieures à celle des mines de surface. Alors que dans les grands fonds, il n’y aurait même pas besoin de creuser, juste de ramasser. La plupart du minerai s’est progressivement aggloméré dans des cailloux posés au fond.
Sauf qu’il y a un risque pour la biodiversité. Les grands fonds hébergent aussi un trésor écologique. Si l'on vient le racler, le draguer ou le forer, on peut perturber tout un écosystème, aujourd’hui largement méconnu, avec des conséquences impossibles à mesurer. C’est pourquoi une vingtaine d’États appellent aujourd’hui à un moratoire ou à purement interdire l’exploitation des grands fonds.
Encadrer pour ne pas reproduire les ravages des mines de surface
Mais dans le même temps, les fameuses terres rares sont devenues critiques pour la transition écologique. Leur demande a explosé. Et elles sont souvent extraites dans des conditions humaines et environnementales terribles. Il y a donc aussi une opportunité d’éviter de reproduire les ravages de mines de surface, en imposant des règles sous-marines précises avant que la ruée vers l’or commence. C’est la mission confiée à l’Autorité internationale des fonds marins, une émanation des Nations Unies. Et c’est ce qui sera discuté ces prochains jours.
Aucune exploitation n’a encore commencé. Pour l’instant, il s’agit simplement de tests. Mais aucun droit d’exploitation commerciale n’a été accordé. Tout le monde attend que des règles claires soient définies sur la pollution, les quantités récupérables, les zones exploitables, etc. Mais difficile de réconcilier les industriels et les défenseurs de l’environnement. Les discussions des prochains jours promettent donc d’être houleuses.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.