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Angoulême 50 : "La Couleur des choses", Fauve d'or

la BD expérimentale du Suisse Martin Panchaud est couronnée meilleure bande dessinée de l'année au 50e festival d'Angoulême.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Angoulême 50 : des choses et d'autres (MARTIN PANCHAUD, CA ET LA / SHUZO OSHIMI, KI-OON / HISACHI SAKAGUCHI, REVIVAL /  NICOLAS PEGON, DENOËL GRAPHIC / LEONIE BISCHOFF, RUE DE SEVRES)

À l'heure du palmarès, Angoulême 50 consacre un album expérimental : La Couleur des choses, du Suisse Martin Panchaud, aux éditions Çà et Là, Fauve d’Or du meilleur album de l’année.

Voilà un livre qui nous fait prendre conscience que nous regardons souvent le monde comme si nous survolions la planète. Chacun a un portable dans la poche ? Dès qu’on doit prendre la route ou faire deux pas en terre inconnue, hop, les yeux sur le GPS, on suit le petit point qui se déplace. On regarde une série policière à la télé ? Dans tous les épisodes, on a droit à un beau travelling vu du ciel. La caméra et le drone survolent la route, les voitures, la ville, la forêt. On cherche la maison de ses rêves ? Google Earth est là pour nous aider. Toujours vu du ciel.

Lire La Couleur des choses, c’est faire une expérience comparable sur 220 pages.

"C’est parti d’une petite expérience qui consistait à synthétiser la bande dessinée en des formes minimales. J’ai remarqué que malgré tout, elles prenaient vie dans la tête des lecteurs. Alors, j’en ai fait tout un roman."

Le dessinateur Martin Panchaud

à franceinfo

Les personnages sont donc réduits à quelques cercles de couleurs. Qui s’approchent ou s’écartent les uns des autres. Qui dialoguent entre eux. Ajoutez à ça des schémas, des graphiques, des objets et une baleine : c’est parti pour l’aventure.

Un road-movie initiatique

La Couleur des choses, c’est l’histoire d’un gamin anglais, harcelé par les ados de son quartier, et qui va gagner 16 millions de livres sterling en pariant sur une course de chevaux. La suite tient du road movie, de Londres à Birmingham et Liverpool. Toujours vu du ciel. Les lecteurs habitués à lire des BD classiques seront désappointés, désorientés en ouvrant cet ovni. C’est une BD expérimentale, mais ça fonctionne, ça tient la route.

La couleur des choses, de Martin Panchaud, aux éditions Çà et Là, Fauve d’or du 50e festival d’Angoulême.

Les Japonais, toujours au palmarès

De la dizaine de prix remis hier soir, on retiendra que le Fauve de la série revient aux Liens du sang de Shuzo Oshimi, chez Ki-Oon. Depuis quelques années, les mangas récoltent régulièrement le prix de la série.

Le Fauve patrimoine récompense aussi une BD asiatique Fleurs de pierre, soit la seconde guerre mondiale en Europe, et plus précisément en Yougoslavie, vue par le Japonais Hisashi Sakaguchi, aux éditions Revival.

Le Fauve jeunesse valide l’adaptation en BD par Léonie Bischoff du roman La longue marche des dindes de l’Américaine Kathleen Karr, aux éditions Rue de Sèvres.

Enfin, nous conseillons aussi le Fauve polar, l’excellent roman noir Hound Dog, de Nicolas Pegon, chez Denoël Graphic.  

le palmarès complet d'Angoulême 2023 

- Fauve d'or du meilleur album : La Couleur des choses, de Martin Panchaud, (éd. Çà et Là)

- Fauve spécial du jury : Animan, Anouk Ricard, (éd. Exemplaire)

- Fauve série : Les Liens du sang T.11, Shuzo Oshimi - Traduction de Sébastien Ludmann, (éd. Ki-oon)

- Fauve révélation : Une Rainette en automne (et plus encore…), Linnea Sterte - Traduction par Astrid Boitel, (éd. de la Cerise)

- Fauve des lycéens : Khat, Ximo Abadía – Traduction d’Anne Calmels et David Schalvelzon, (éd. La Joie de lire)

- Fauve prix du public de France Télévisions : Naphtaline, Sole Otero - Traduction d’Éloïse de la Maison, (éd. Çà et Là)

- Fauve patrimoine : Fleurs de Pierre, Hisashi Sakaguchi - Traduction d’Ilan Nguyen, (éd. Revival)

- Fauve d'Angoulême - prix de la bande dessinée alternative : Forn de Calç, (éd. Extinció)

- Fauve polar SNCF : Hound Dog, Nicolas Pegon, (éd. Denoël Graphic)

- Fauve spécial du grand jury jeunesse : Toutes les princesses meurent après minuit, Quentin Zuttion, (éd. Le Lombard)

- Fauve jeunesse : La Longue marche des dindes, Leonie Bischoff - Kathleen Karr, (éd. Rue de Sèvres)

- Prix René Goscinny - prix du meilleur scénariste : Thierry Smolderen, pour Cauchemars ex Machina, (dessin de Jorge González, éd. Dargaud)

- Prix René Goscinny - prix du jeune scénariste : Mieke Versyp, pour Peau, (dessin Sabien Clément, éd. Çà et Là)

- Prix Konishi : Dai Dark - Tome 1, Q Hayashida, Traduction de Sylvain Chollet, (éd. Soleil)

- Prix Philippe Druillet : La Falaise, Manon Debaye, (éd. Sarbacane)

- Prix Spécial de la 50e édition : Hajime Isayama

- Fauves d'honneur : Junji Itō et Ryōichi Ikegami

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