BD bande dessinée. Implacable Serena
Tout l'été, le rendez-vous "Bande dessinée" de franceinfo vous propose des adaptations littéraires en BD. Parmi les plus réussies de ces derniers mois,"Serena", adaptée du roman de l'américain Ron Rash.
Roman de l'exploitation à outrance des hommes et de la terre, autant que portrait d'une femme cruelle, à l'ambition démesurée, Serena nous parle de l'Amérique de 1930 et du monde de 2018.
Le roman de l’Amérique en crise
L'Amérique des années 1930. Loin de New-York et des hommes d’affaires ruinés par le krach boursier, nous voilà dans les Smoky Mountains. Aux confins du Tennessee et de la Caroline du Nord. Une région de forêts denses qui chevauchent le paysage des Appalaches, de crêtes en sommets, à perte de vue. On les voit dès la première page de la BD.
Sorti en 2008, Serena est le quatrième roman de l’Américain Ron Rash. C’est aussi le prénom de la femme dont la figure domine ce récit cruel de l’exploitation de la terre et des hommes. Dans le texte de Rash, elle est blonde et très grande. Dans la bande dessinée, elle est rousse et plutôt menue. Mais toujours implacable.
Serena, ce n’est pas une femme, c’est une idée, une incarnation. C’est une femme augmentée, comme on dit aujourd’hui.
la scénariste Anne-Caroline Pandolfo
Une sorcière mal aimante
Serena et son mari propriétaire terrien partagent les mêmes désirs brûlants. Par-dessus tout un appétit inextinguible du profit, qu’aucune conscience, aucune morale ne peut freiner. Ils déboisent les montagnes, coupant les arbres à la racine, et les hommes sur pied. Là où ils passent, il ne reste que des êtres brisés et des souches noircies.
Une forêt qui n’est plus une forêt, c’est quelque chose d’extrêmement triste à voir et à dessiner. Quelque chose de déchirant, mais aussi de très puissant : il n’y a plus d’arbres, plus d’oiseaux, il ne reste que les serpents.
le dessinateur Terkel Risbjerg
Pandolfo et Risbjerg ont eu la chance de travailler directement avec Ron Rash. Là où le romancier insiste sur les terribles conditions de vie et de travail des montagnards miséreux, la BD préfère laisser les éléments - la pluie, le vent - se déchaîner et la boue engloutir tout espoir.
Serena de Pandolfo et Risbjerg, d’après Ron Rash, aux éditions Sarbacane.
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