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BD bande dessinée. Jacques Ferrandez dans les pas de Camus

Le dessinateur pied-noir, auteur de la saga des "Carnets d'Orient" adapte "Le Premier Homme", l'ultime roman, inachevé, d'Albert Camus.

Article rédigé par franceinfo, Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

Partager une histoire personnelle

Jacques Ferrandez est un fils du sud. Un pied-noir, né à Alger pendant les événements, comme on disait alors pour désigner la guerre qui allait mettre fin à la présence française en Algérie. Une histoire personnelle, familiale, nationale, qui a pris la forme d’un travail de mémoire compulsif. Une saga en bande dessinée a vu le jour, Les Carnets d’Orient, forte d’une dizaine de volumes, avant que Ferrandez, avec la bénédiction de la famille d’Albert Camus et des éditions Gallimard, ne se lance dans l’adaptation en BD de l’œuvre du prix Nobel de littérature 1957. D’abord, une nouvelle : L’Hôte, puis le roman L’Étranger.

Le voici qui met en images, en lumières, en visages et paysages Le Premier Homme, l’ultime ouvrage du journaliste-écrivain, sur lequel celui-ci travaillait quand il trouva la mort dans un accident de la route.

Ferrandez et la nostalgérie

Jacques Cormery, le double de Camus, est à la recherche de son père, de son identité, de son enfance. Cormery écrivain, lui aussi. Cormery et sa mère quasi-muette. Cormery séducteur. Ferrandez s’est autorisé l’invention d’une jeune femme à qui le héros se confie dans un salon parisien, au balcon d’un immeuble algérois ou sur l’oreiller. Et surtout, Jacques Ferrandez se fait plaisir en laissant comme de coutume ses aquarelles déborder des cases, envahir la page : ici, Alger la blanche, la casbah, le trajet vers le lycée Bugeaud ; là, la mer et la terre ocre, aride de l’Algérie de l’intérieur aux couleurs éteintes par la chaleur.

Tous les gens qui y vivent ou qui y ont vécu sont convaincus que c’est un très beau pays. Je pense à la fois aux pieds-noirs de 1962 et aux amis algériens qui ont dû s’exiler dans les années 1990.

Jacques Ferrandez

Ferrandez annonce déjà qu’il continuera à recenser les occasions manquées entre deux populations, pour l’essentiel gens de peu, au destin commun, oubliés et maudits de l’Histoire.

Le Premier Homme, Jacques Ferrandez d’après Albert Camus, sous le label Gallimard bande dessinée.  

Jacques Ferrandez publie aussi en octobre un ouvrage de réflexions, souvenirs, confessions sur sa relation à l'Algérie, son histoire personnelle et familiale. Evidemment illustré de croquis et portraits.

Entre mes deux rives, à paraître au Mercure de France.

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