Du sang à la Une

Ah, les faits divers ! Le public en raffole et les journalistes se demandent comment en parler pour prendre la mesure d’un phénomène de société en évitant un voyeurisme sordide. Pourtant, deux BD nous rappellent que, parfois, la presse s'en délecte sans retenue.
Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Le crime ne paie pas mais il fait vendre. (SYLVAIN VENAYRE + HUGUES MICOL, LA DECOUVERTE ET DELCOURT / PAT PERNA ET CHRISTOPHE GAULTIER, LES ARENES)

À en croire Sylvain Venayre et Hugues Micol, la belle époque du fait divers, ce fut le début du XXe siècle, quand la presse s’en emparait pour feuilletonner à qui mieux mieux. Et la presse, c’était alors plus de neuf millions de journaux vendus chaque jour dans l’Hexagone.

L'assassinat de la petite Marthe Erbelding

Sylvain Venayre est historien, universitaire. Il a enseigné l’histoire de la presse. Il aime aussi beaucoup les bandes dessinées, et en a déjà signé quelques-unes. Pour celle-ci, il a choisi un fait divers précis et réel, une histoire de disparition d’enfant, en février 1907, qui allait tenir Paris en haleine.

Pourquoi 1907 ? Parce que c’est l’année où la chambre des députés discute âprement de l’abolition envisagée de la peine de mort – on sait qu’il faudra attendre 1981 pour qu'elle soit votée – et que cette année-là aussi, Clémenceau crée les fameuses Brigades du Tigre pour traquer la pègre, et surtout, parce que cette année-là encore, le préfet de police Lépine interdit enfin aux badauds de venir se régaler du spectacle des trépassés, à la morgue de Paris. Car oui, on défilait en rangs serrés pour voir les égorgés et les noyés.

Au dessin et à la gouache, Hugues Micol fait revivre le Paris d’avant la Première Guerre mondiale, ses cafés, ses petits métiers, ses calèches et ses carrioles, ses beaux messieurs et ses belles dames en chapeau.

Quant à la pauvre petite Marthe Erbelding, on découvrit qu’elle avait été assassinée par un "ami" de la famille. Le jour de ses obsèques, plusieurs dizaines de milliers de personnes accompagnèrent le corbillard.

La BD Les Crieurs du crime est coéditée aux éditions Delcourt et La Découverte.

Et l'on se souvient du petit Grégory

C’était il y a 40 ans. Le 16 octobre 1984, on retrouvait dans le lit d’une petite rivière des Vosges, le corps sans vie d’un enfant de 4 ans. La vérité sur cet assassinat n’a jamais pu être établie. Le père du petit garçon, Jean-Marie Villemin, qui lui-même avait fini par tuer son cousin, qu’il soupçonnait du meurtre de son fils, a confié au scénariste Pat Perna sa version des faits. Christophe Gaultier l’a dessinée. La BD est sobrement titrée Grégory. Le premier volume est sorti aux éditions les Arènes.

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