À Taïwan, on fait des tissus avec des huîtres
Ils ont baptisé ce nouveau tissu, la laine de mer. Oui, vous pouvez maintenant acheter des écharpes, des T-shirts de sport ou des vêtements de bébé en résidus de coquilles d'huître. Ces fibres techniques sont anti-odeur, anti-bactériennes et elles conservent très bien la chaleur.
Leur création a nécessité plusieurs années de travail dans les laboratoires du groupe Creative Tech Textile, dans la ville de Tainan. Les ingénieurs avaient déjà développé des textiles en polyester qui intègrent des déchets de bouteilles plastiques et ils ont ensuite essayé d’y ajouter de la poudre de coquille d'huître qui contient énormément de carbonate de calcium.
Tissus mais aussi savon, engrais ou litière pour chats
Le processus est un peu compliqué. Il faut écraser les coquilles pour créer des sortes de minuscules billes, ensuite on les chauffe à très haute température et on les mélange à des granulés de plastique recyclé. On peut ensuite tirer un fil à tisser. Cela ressemble à une sorte de laine. Au toucher, c’est très doux, d’où le nom de “seawool”, laine de mer.
Eddie Wang, le patron de Creative Tech Textile, explique qu’il a toujours gardé un souvenir fort des restes de coquilles d'huîtres qui jonchaient les rues de son village d’enfance, où l’ostréiculture était une grosse activité. Déjà, à l’époque, les habitants brûlaient et concassaient ces coquilles pour en faire un matériau isolant qu’ils utilisaient dans la construction des maisons. Il s’est donc dit qu’il y avait peut-être un moyen de profiter de ces vertus isolantes de l'huître dans le textile. Pour lui, c’est aussi un moyen de gérer cette pollution qui s’accumule. Chaque année, Taiwan récolte 200 000 tonnes d'huîtres. Et cela fait plus de 150 000 tonnes de déchets de coquilles abandonnées. Dans son usine, l’entreprise en recycle, pour l’instant, 100 tonnes par an. C’est encore peu mais c’est un début.
On peut aussi produire d’autres matériaux avec ces coquilles. Une autre entreprise de Taiwan qui s’appelle TaiSugar travaille aussi sur ce recyclage. Elle récupère le carbonate de calcium des coquilles et le transforme pour plusieurs industries. Ça sert, par exemple, à faire du savon, des engrais et même de la litière pour chats. Et on ne manque pas de matière première, puisque selon les calculs des Nations-Unies, le monde jette chaque année plus de 3 millions de tonnes de coquilles d'huîtres.
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