Automobile : au Japon, des industriels souhaitent développer un vaste projet de carburant sans pétrole

Le gouvernement japonais soutient un projet de développement de carburant sans combustible fossile. La société Eneos, grand distributeur d’essence dans le pays, est partie prenante.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le carburant que tentent de développer des industriels japonais est obtenu avec l’hydrogène et du CO2 (photo d'illustration, le 3 mai 2024) (ST?PHANIE PARA / MAXPPP)

Le Japon n’a pas de pétrole, mais il a des idées et de gros budgets de recherche pour essayer de les mettre en œuvre. Ses industriels cherchent des solutions pour casser la dépendance du pays à ses énormes importations d’hydrocarbures et, cette première semaine d'octobre, les Japonais ont inauguré une première usine pour fabriquer du carburant synthétique.

C’est une sorte d’essence sans pétrole qui peut alimenter presque toutes les voitures. Si les chercheurs parlent parfois d’electrocraburant ou d’e-fuel, c’est à peu près toujours le même concept. L’idée reste de créer de l’essence sans pétrole, sans combustible fossile. Pour obtenir ce carburant, il faut deux choses, de l’hydrogène et du CO2, et pour que ce carburant soit peu polluant, plus propre que votre essence normale, il faut essayer de produire ces deux éléments, l’hydrogène et le CO2, sans rejeter trop de gaz à effet de serre.

Pour l’hydrogène, on fait on fait de l’électrolyse d’eau dans l’usine japonaise de Yokohama, juste à côté de Tokyo. Les ingénieurs décomposent la molécule d’eau, H2O, en faisant passer un courant électrique. Cette électricité vient d’une source renouvelable, type panneaux solaires ou des éoliennes. Le C02 est, lui, récupéré directement dans l’air ambiant autour de l’usine par une série de filtres et de processus chimiques. L'usine mélange ces deux éléments pour créer son essence synthétique, qui ressemble, un peu, à une eau sirupeuse.

Des constructeurs japonais impliqués dans le projet

Les chercheurs planchent sur cette idée depuis une centaine d’années. Ce carburant a été étudié en Allemagne dès les années 1920. Beaucoup de groupes pétroliers travaillent aussi sur cette solution en laboratoire, mais la force du projet japonais, c’est sa taille et son ambition. Le gouvernement soutient ce développement avec la société Eneos, qui est grand distributeur d’essence dans le pays. L’usine, qui vient d’ouvrir commence doucement et va produire un baril d’essence synthétique par jour, soit 160 litres. Puis dans une grande raffinerie d’Eneos, là ce sont 300 barils qui devraient être produits chaque jour après 2025.

Toutes les voitures au Japon ne vont pas bientôt rouler avec cette essence synthétique, même si les grands constructeurs japonais, comme Toyota, sont déjà impliqués dans le projet. Ils n’ont pas besoin de beaucoup modifier leurs voitures essence pour les faire rouler avec ce nouveau carburant, mais il reste à régler l'enjeu du prix de cette essence. Le processus de production est très gourmand en électricité. Actuellement, il faut dépenser 700 yens pour produire un seul litre, c’est-à-dire 4 euros 40. C’est presque trois le prix de l’essence à la pompe à Tokyo. 

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