Comment la "licorne" américaine Masterworks entend démocratiser le marché de l'art contemporain
L'argument principal de Masterworks, c’est que le marché de l’art voit des retours sur investissements supérieurs à Wall Street depuis 25 ans. Le montant des collections privées dans le monde est estimée à 1 700 milliards de dollars. Sauf que c’est un marché exclusif réservé aux experts et aux millionnaires. Scott Lynn, le créateur de la startup en 2017, a eu une idée quand il a vu sa propre collection prendre de la valeur. Cet entrepreneur s’est dit que tout le monde devrait avoir accès au marché.
Des tableaux que l'on n'accroche pas dans son salon
Depuis, Masterworks a accumulé une centaine de peintures et est devenu ce qu’on appelle une "licorne", c’est-à-dire une start-up dont la valeur dépasse le milliard de dollars. Au moins 15 000 personnes ont acheté des morceaux d’œuvres d’art à travers le site de l'entreprise. Les experts de Masterworks s’appuient sur la fameuse data, des données d’analyses, repèrent des toiles avec un fort potentiel, parfois de grands noms comme Banksy, Andy Warhol, Picasso, Monet… La firme les achète et les déclare à SEC, le gendarme américain de la bourse. L’œuvre devient une sorte de société cotée et les investisseurs peuvent donc acheter des actions, posséder une part de l’œuvre à partir de 20 dollars.
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— Masterworks (@MasterworksIO) January 17, 2023
Cela ne veut pas dire qu’ils peuvent l'accrocher dans leur salon pendant quelques jours, seulement qu’ils détiennent une partie de sa valeur. Et quand l’œuvre est revendue, comme une action, ils récupèrent une partie des profits. S’ils ne veulent pas attendre la revente, ils ont aussi l’opportunité de céder leur part sur un marché secondaire organisé par Masterworks.
Soupçons de concurrence malsaine entre les employés
Art ou pas, cela reste un investissement, le risque existe. Masterworks prévient qu’il faut de la patience et prévoit de garder les œuvres entre trois et dix ans. Seules les personnes de plus de 70 ans peuvent investir. À noter également, Masterworks se réserve 20% des profits et impose une commission de 1,5% par an pour la gestion de l’œuvre, un peu plus que la moyenne des investissements comparables. Quand la start-up a revendu la peinture Mona Lisa de Banksy pour 1,5 million de dollars en 2020, les investisseurs ont récupéré un retour sur investissement de 30% environ.
Une enquête d’ArtNEWS pointe toutefois des pratiques parfois discutables au sein de l’entreprise dans un secteur moins régulé que d’autres dans le milieu boursier. La revue d'art américaine révèle notamment comment Masterworks entretient une concurrence malsaine entre les employés pour qu’ils poussent les investisseurs à acheter, pas toujours dans le meilleur intérêt de ces derniers.
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