Congé menstruel : au Japon ce droit existe depuis 1947 mais reste peu utilisé
En France, alors que le débat en commission parlementaire sur les congés menstruels s’ouvrira mercredi 27 mars. Des députés ont déposé une proposition de loi pour créer un congé menstruel allant jusqu'à 13 jours, un arrêt maladie qui permette aux femmes de ne pas venir travailler lorsque les crampes provoquées par les règles sont trop insupportables.
Au Japon, où ce congé existe déjà mais où le sujet reste méconnu, des séminaires sont organisés pour changer les esprits, pour que les hommes fassent directement l’expérience de cette douleur mensuelle. Les entreprises veulent que les hommes comprennent enfin ce que doivent affronter chaque mois leurs collègues femmes.
Un simulateur de crampes menstruelles
Pour cela, certaines ressources humaines font appel à une start-up japonaise qui a inventé un simulateur de crampes menstruelles. C’est un petit appareil assez simple, que la société Osaka Heat Cool a baptisé le periodonoïd. Il s’agit d’une batterie électrique reliée à deux patchs que l’on va coller sur le bas du ventre, juste en dessous des abdominaux. Cet appareil va envoyer du courant électrique de manière plus ou moins intense pour stimuler de manière brutale les muscles du bas-ventre. Lors de ces séminaires, les employés hommes sont donc invités à faire cette expérience devant leurs collègues. Ils sont debout et sont censés être capables de continuer d’être actifs malgré ces douleurs répétées. Beaucoup disent que cela change totalement leur point de vue, qu’ils n’avaient jamais pris conscience de l’intensité de ces crampes.
On voit donc un gros effort au Japon pour mieux sensibiliser les entreprises à ce sujet, cela reste quand même un sujet compliqué. La start-up Osaka Heat Cool dit qu’elle organise maintenant ce genre de séminaire plusieurs fois par mois dans des entreprises volontaires. Mais si officiellement, le pays propose déjà depuis 1947 un congé menstruel, dans les faits ce congé est très peu utilisé.
Le congé maladie et la peur d'être mal vu
Le droit du travail ne définit pas le niveau de salaire que l’entreprise doit verser pendant ces jours de congé menstruel. C’est un peu à la discrétion de chaque société. Et donc, moins de 10% des femmes qui souffrent de ces douleurs osent demander ce congé spécial. Elles expliquent aussi qu’elles ont toujours peur d’être mal vues par leurs managers ou par leurs collègues hommes. Au Japon, les congés maladies peuvent être perçus comme une sorte de trahison par rapport au groupe, qui va devoir travailler plus pour compenser l'absence du malade.
Le Japon prend d’autres initiatives pour essayer de changer les mentalités sur ce sujet, pas toujours très adroitement. Une chaîne de grands magasins a par exemple proposé à ses employées de porter, lorsqu’elles ont leurs règles, un badge spécial rouge et rose, avec la tête de la mascotte des menstruations - il y a des mascottes pour tout au Japon. Il s’agissait de générer un peu d’empathie et de compréhension. Mais l’expérience a provoqué un scandale et n’a duré que quelques jours.
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