Corée du sud : pour rééquilibrer le système des retraites, un institut propose de scolariser les filles plus tôt que les garçons

L’Institut coréen des finances publiques estime que cette mesure pourrait avoir un impact sur le nombre de naissances chaque année dans le pays... et donc sur le nombre de cotisants pour payer les pensions.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
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Temps de lecture : 3 min
L’économiste propose d’augmenter le nombre de personnes qui peuvent cotiser en faisant rentrer les filles à l’école avant les garçons. (PLAN SHOOT / IMAZINS / IMAZINS RF)

La Corée du Sud s'inquiète, comme la France, pour ses finances publiques. Le pays ne sait pas trop comment il va pouvoir continuer de payer les retraites de ses seniors. Ils sont de plus en plus nombreux et il y a de moins de moins de jeunes pour travailler et cotiser. Pour rééquilibrer le système, un institut du gouvernement pense qu’il a trouvé la solution magique. Il suffirait de scolariser les filles beaucoup plus tôt que les garçons.

C’est l’une des solutions préconisées, en juin, par le KIPF, l’Institut coréen des finances publiques. Un centre de recherches très sérieux lié au gouvernement, qui fait des études sur l’efficacité des dépenses de l’État et de l’impôt. Un de ses économistes a planché sur la crise du financement des retraites en Corée du Sud. Il constate qu’avec la chute de la natalité, il va y a avoir de moins en moins de travailleurs pour cotiser, alors qu’il va y avoir de plus de pensions à payer pour des millions de baby boomers. L’économiste propose d’augmenter le nombre de personnes qui peuvent cotiser en faisant rentrer les filles à l’école avant les garçons.

Cet économiste explique que les filles sont matures beaucoup plus tôt que les garçons. Au lycée et dans les premières années d’université, elles se retrouveraient, en classes, avec des garçons un peu immatures pour elles, encore un peu gamins. Elles ne seraient donc pas naturellement intéressées par des relations amoureuses ou sexuelles avec ces hommes de leur âge. Selon le rapport, ce décalage réduirait la probabilité de voir des couples se former jeunes et donc automatiquement cela baisserait les chances de faire des bébés. Comme l’institut cherche des solutions pour faire augmenter le nombre de bébés, il propose d’avancer, d’au moins un an, l’âge de scolarisation des filles dans le pays. Ainsi, les filles se retrouveraient, en classes, en fin de scolarité avec des garçons plus vieux mais ayant à peu près le même niveau de maturité. Il y aurait plus de couples et plus de bébés et donc, plus tard, plus de cotisants pour payer les retraites.

Une vive polémique

Cette idée n'est pour l'instant pas retenue par le gouvernement conservateur sud-coréen. Actuellement, l’idée fait surtout polémique sur les réseaux sociaux et dans les médias coréens. 
Des élus de l’opposition de centre-gauche l’ont même qualifiée de "complètement absurde". Ils expliquent que l’effondrement de la natalité depuis des années est lié à des causes profondes, que ce soit les mauvais salaires, le patriarcat, la vie en entreprise. L’opposition estime que pointer du doigt la sexualité des jeunes serait même totalement contre productif.

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