Élection présidentielle américaine 2024 : l'Arizona prépare ses employés au risque de fake news

Des équipes du gouvernement local ont suivi des formations pour se confronter aux problèmes qu’ils pourraient rencontrer à l’approche de l’élection. C’est l’un des États qui a été décisif lors du dernier scrutin présidentiel.
Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un bureau de vote en Arizona, le 3 novembre 2020. (photo d'illustration) (ARIANA DREHSLER / AFP)

Après l’élection présidentielle de 2020, marquée par les allégations de tricherie de Donald Trump et ses partisans, la pression est déjà forte sur les officiels qui organisent le scrutin de novembre. Les progrès de l’intelligence artificielle rajoutent à la menace déjà forte de désinformation.  

En Arizona, à l’ouest du pays, les autorités locales préparent les employés à ces risques potentiels avec une sorte de jeu de rôles. Le Washington Post raconte comment en décembre dernier dix équipes d’une dizaine d’employés du gouvernement local ont suivi une simulation de deux jours pour se confronter aux problèmes qu’ils pourraient rencontrer à l’approche de l’élection. Chaque équipe représentait un compte fictif. Ils ont d'abord été accueillis par un message vidéo d’Adrian Fontes, le Secretaire d'État de l’Arizona, l’homme qui a la responsabilité de l’organisation de l’élection dans l’État. Sauf que cette vidéo, fausse, était générée par l’intelligence artificielle. Ensuite, ils ont dû faire face à différentes attaques, comme des posts sur les réseaux sociaux affirmant que la police surveillait les files d’attente devant le bureau de vote à la recherche d’immigrés sans-papiers, ou des messages téléphoniques produits par l’IA et soit disant laissés par l’équipe du Secretaire d'État pour qu’ils laissent les bureaux de vote ouvert.

Pour répondre à ces attaques, toutes les équipes ont un budget limité. Il y a eu une autre session récemment pour les médias afin que les journalistes se mettent dans la peau de toutes ces personnes qui travailleront lors de l’élection et comprennent les défis qui les attendent, une cyberattaque notamment. Ils ont même entendu dans une vidéo Adrian Fontes leur parler en français et en allemand, des langues qu’il ne connaît pas.

La crainte des deepfake


Si on écoute l’actuel directeur du FBI, il faut s’attendre à des tentatives de déstabilisation plus élaborées et rapides qu’en 2020. Un deepfake, une fausse vidéo, de Barack Obama en 2018 avait, par exemple, demandé des jours de calcul sur un ordinateur. Six ans plus tard, faire du deepfake est à la portée de tous ou presque. Avec les avancées technologiques, tous les employés mobilisés pour l’élection ne sont pas forcément préparés ou informés des nouvelles menaces. Un des employés confie au Washington Post qu’il est sorti de la formation en se disant qu’il ne pouvait "faire confiance à personne". La formation rappelle des principes de base : demander confirmation en personne si une directive donnée par email paraît étrange, instaurer des authentifications multiples sur Internet, communiquer avec les médias locaux. IL y a néanmoins une limite car ce n’est pas le rôle des employés, ni dans leur capacité, de contrôler tout ce qui se dit sur Internet ou les messageries en ligne. 
 
Si l’Arizona organise ces simulations, ce n’est pas forcément un hasard. C’est l’un des États qui a été décisif pour l’élection de Joe Biden. Le président américain a remporté les 11 électeurs de l’Arizona en 2020 grâce à quelques milliers de voix seulement. Les accusations de fraude et les théories du complot venues du camp Trump n’ont pas tardé. Adrian Fuentes s’occupait de l’élection dans le comté le plus peuplé de l’État à l’époque. Lui et son équipe ont été menacés de mort. Certains officiels ont renoncé ou vont renoncer à leur fonction. 

En 2022, pour les élections de mi-mandat, les candidats républicains au poste de gouverneur et de Secrétaire de l'État ont tous les deux fait campagne sur le mensonge d’une élection volée. Aucun n’a été élu, mais le vote très serré entretient les doutes de ceux qui en avaient. L’intelligence artificielle, directement ou pas, risque donc d’alimenter les futures rumeurs de fraude ou de manipulation.

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