En pleine COP 28, des scientifiques japonais inaugurent le plus grand réacteur expérimental à fusion nucléaire

Cette nouvelle énergie, souvent présentée comme le Graal de la transition énergétique, doit permettre de produire une électricité totalement décarbonée, très abondante et sans déchet nucléaire.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
JT-60SA, le plus grand réacteur à fusion nucléaire au monde, le 1er décembre 2023, à Naka, au Japon. (NATIONAL INSTITUTES FOR QUANTUM / AFP)

Lorsqu’ils vulgarisent leurs recherches, ces scientifiques qui travaillent à Naka, au nord de Tokyo, expliquent qu’ils cherchent, en fait, la recette du carburant des étoiles. Actuellement les réacteurs qui fabriquent notre électricité sont basés sur la fission nucléaire. En gros, ils créent leur énergie en cassant des atomes. La fusion nucléaire, c’est l’inverse. On récupère de l’énergie en forçant des atomes à se percuter à très grande vitesse et à une température de 15 millions de degrés pour fusionner dans ce que l’on appelle le plasma.

C’est exactement ce qui se passe dans notre soleil ou dans les grandes étoiles. Ce sont des atomes d’hydrogène qui fusionnent et qui créent de la lumière et de la chaleur. Les chercheurs japonais et européens travaillent sur cette réaction physique depuis des décennies. Ils viennent de réussir à générer ce plasma pendant plusieurs secondes et dans des quantités que personne n’avait encore jamais réussi à atteindre. Ils ont ainsi créé le plus gros réacteur à fusion nucléaire de la planète.

Iter : un réacteur deux fois plus gros prévu en France après 2030

Avant d’avoir des réacteurs à fusion pour produire de l’électricité, cela va prendre encore quelques décennies. Ce succès dans le réacteur expérimental japonais n’est qu’une étape dans le développement de cette solution. Tout ce que les scientifiques apprennent ici au Japon va venir alimenter le développement de Iter. Iter, c’est un réacteur expérimental deux fois plus gros qui est en construction en ce moment à Cadarache, dans le sud de la France.

Sa construction a pris du retard, il devrait être prêt un peu après 2030. C’est aussi un projet avec les Européens, les Japonais mais aussi les Chinois, les Américains ou encore les Sud-Coréens. Et après Iter, il y aura un troisième réacteur expérimental qui s’appellera Demo. Demo fabriquera vraiment de l’électricité par fusion nucléaire. Mais là on sera probablement en 2050.

Malgré ces délais, tous ces pays misent des milliards d’euros sur la fusion nucléaire car, sur le papier, c’est vraiment une solution fantastique. Vous pouvez produire de l’électricité dans d’énormes quantités sans émettre de CO2 et sans vous retrouver avec des tonnes de déchets radioactifs dangereux. Si cela fonctionne, cela changera la donne énergétique sur la planète.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.