Industrie : des champignons utilisés aux États-Unis pour recycler des déchets du bâtiment

Près de Chicago aux États-Unis, la société Mycocycle se sert de champignons pour recycler des matériaux de construction. Une activité industrielle salutaire dans un pays où la construction continue de croître et où les déchets s'accumulent.
Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les déchets produits par le bâtiment atteignent 660 millions de tonnes aux États-Unis et ne cessent de croître. (LEYLA VIDAL / MAXPPP)

Le champignon est un recycleur naturel. Il s’attaque aux feuilles mortes et au bois. Une société américaine, Mycocyle, a développé un processus par lequel le champignon va "manger" des déchets du bâtiment, qui contiennent souvent du plastique et d’autres produits dérivés du pétrole. Et il va les transformer en matériau organique.

Le processus de décomposition dure environ deux semaines pendant lesquelles le mycélium, l’appareil végétatif du champignon, "consomme" les molécules de carbone. Le mycélium, explique le site internet de Mycocycle, est très efficient. Le processus mis au point va réduire en moyenne de 98% la toxicité d’un matériau tout en le transformant, via des phénomènes appelés biosorption, bioconversion et biodégradation. Le résultat, c’est un nouveau matériau, résistant au feu, à l’eau, durable, léger, qui peut servir pour isoler un bâtiment ou fabriquer des panneaux acoustiques, si l’on en croit la start-up.

Des décharges déjà à 85% de leur capacité

À l'origine de l'aventure, Joanne Rodriguez, une femme qui a travaillé pendant 30 ans dans le secteur de la construction, a l’expérience et la connaissance du milieu. Elle lance Mycocycle en 2018, à Bolingbrook dans la grande banlieue de Chicago. Et le site internet de sa start-up reprend la fameuse formule de Lavoisier, "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme", en disant "la réponse est là, juste sous nos pieds. Dans la nature, rien ne se perd". C'est une excellente réponse aux problèmes de déchets produits par le bâtiment. Ceux-ci atteignent 660 millions de tonnes rien qu’aux États-Unis, sachant que le secteur de la construction va continuer à croître et que les décharges seraient déjà à 85% de leur capacité.

Joanne Rodriguez est bien consciente que d’autres entreprises fabriquent des produits à partir du mycélium mais, insiste-t-elle, elles ne le font pas à partir de produits que le mycélium a lui-même recyclés. Elle ne veut pas non plus utiliser de champignons génétiquement modifiés.

Autre cible en vue : le recyclage des pneus

L'entrepreneuse ne compte pas s’arrêter au secteur de la construction. Elle a expliqué au site Techcrunch qu’elle cible un marché prometteur : les pneus. Le champignon peut aussi s’attaquer au papier, au nylon et donc au caoutchouc. Aux États-Unis, 280 millions de pneus sont mis au rebut chaque année, et seulement 30 millions sont réutilisés. Or, les techniques de recyclage sont les mêmes depuis 40 ans, constate Joanne Rodriguez.

Mycocycle travaille encore sur la façon optimale de travailler le caoutchouc et les investisseurs sentent le potentiel du projet. Le marché du mycélium pourrait flirter avec les 4 milliards de dollars d’ici deux ans. L’entreprise vient en tout cas de lever 3,5 millions de dollars pour financer ses tests et ses recherches.

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