Japon : les personnes souffrant de phobie des odeurs s'organisent
Depuis 2021, la petite ville de Nasu, dans la préfecture de Tochigi, développe un premier quartier entier sans odeur. Et des gens qui ne supportent pas les odeurs commencent à aménager dans cette petite communauté à 2h30 en train au nord de Tokyo. Ces personnes expliquent qu’elles souffrent d’osmophobie. C’est-à-dire la peur des odeurs ou une extrême sensitivité à tous les parfums, toutes les fragrances.
C’est une condition médicale encore assez mystérieuse mais que les docteurs prennent très au sérieux. Ils parlent d’un syndrome de sensibilité centrale. C’est une sorte de trouble du système nerveux central qui décuple la perception d’une douleur mais aussi parfois d’une odeur, particulièrement les odeurs chimiques artificielles. Les patients expliquent qu’ils souffrent lorsqu’ils se retrouvent en présence de lessives, de bougies odorantes, d’eau de Javel ou d’insecticides. Et tous disent que l’un des produits les plus violents pour eux, c’est l’adoucissant pour le linge.
À Nasu, la mairie anime des campagnes similaires à ce qui s’est fait avec l’interdiction de la cigarette. Il y a des affiches en ville qui expliquent que les habitants sont particulièrement sensibles aux odeurs et qui demandent à la population, ou aux visiteurs, d’opter au maximum pour un style de vie sans odeur. Dans les boutiques, dans les restaurants, les cafés, les employés font attention de ne dégager aucune senteur. Pas de parfum, bien sûr.
Linge et vaisselle sont nettoyés avec des produits spéciaux
Les uniformes, les nappes ou les tabliers sont lavés avec des lessives spéciales sans fragrance. C’est pareil pour la vaisselle qui est nettoyée avec des produits alternatifs commandés à des industriels spécialisés dans les détergents sans odeur. L’air des pièces des commerces est aussi changé beaucoup plus régulièrement pour être certains que des clients ultrasensibles ne seront pas importunés.
Le dernier grand sondage réalisé sur le sujet montre que 4,4% des adultes japonais se déclarent "très très sensibles" à ces odeurs. Et les femmes sont plus nombreuses à en souffrir. Le taux atteint 5,5% alors qu’il est de 3% chez les hommes.
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