Japon : les villes vont vendre les cendres de leurs morts

Les mairies des villes japonaises, en crise démographique, vont vendre les cendres de leurs morts pour renflouer les caisses.
Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une cérémonie funéraire au Japon. (ARROW / DIGITAL VISION)

Le Japon vit une terrible crise démographique et chaque année, le pays perd presque un million d'habitants. Par conséquent, des milliers de municipalités se retrouvent avec de moins en moins de résidents et donc de moins en moins d'activité économique. Pour renflouer les caisses, les villes ont décidé de vendre les cendres des personnes décédées et incinérées dans les crématoriums. Elles contiennent, en effet, de l'or, de l'argent, du platine, et même du palladium.

Au Japon, tout le monde se fait incinérer, c'est la règle, et les familles récupèrent seulement une petite partie des cendres de leur défunt. Les villes doivent donc gérer chaque année, des tonnes de cendres non récupérées. C'est comme ça qu'est venue l'idée de revalorisation de ces cendres. Après l'incinération, beaucoup de métaux précieux sont retrouvés, comme de l'or dans les dents, du platine ou du palladium dans les prothèses articulaires, ou encore du zinc, du cobalt et du titane, qui peuvent venir de différents implants médicaux.

Jusqu'à un million de revenus

Ces métaux représentent beaucoup de volume, puisque la ville de Kyoto a diffusé une estimation à ses médias locaux. En incinérant 13 000 personnes sur une durée de neuf mois, elle a récupéré 39 tonnes de cendres et dans ces 39 tonnes de cendres, il y aurait sept kilos d'or, 21 kilos d'argent, six kilos de palladium et 200 grammes de platines. Vendu sur le marché à des sociétés spécialisées, cela peut faire un revenu de plus de 700 000 euros. D'autres villes estiment que sur l'année, elles vont gagner au moins un million d'euros en revendant leurs cendres remplies de résidus métalliques.

Il n'y a pas de débat sur l'utilisation des cendres humaines, puisque sur le plan légal, celles dont les familles ne veulent pas, appartiennent au crématorium et donc à la ville. Elle peut en disposer comme elle le veut et les municipalités en débattent parfois avec la population locale.

La commune de Tajimi, dans la préfecture de Gifu, vient, par exemple, de lancer un sondage auprès de ses habitants avant de se lancer dans ce commerce des cendres et 95% d'entre eux ont estimé qu'il s'agissait d'une bonne idée.

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