Polémique aux États-Unis autour d’articles écrits par des personnes qui… n’existent pas
Les auteurs de ces articles s’appellent Drew Ortiz et Sora Tonaka. Ortiz est présenté comme un homme qui passe beaucoup de temps en plein air, Tonaka, comme une gourou de la fitness. Problème, ces noms ne renvoient à personne dans la vraie vie et les portraits qui accompagnent les articles sont en fait disponibles à la vente sur un site de photos générées par ordinateur.
Le site Futurism [article en anglais], qui suit de près l’évolution de l’IA, a remarqué que des tournures de phrases dans les articles étaient très maladroites. "On dirait qu’elles ont été écrites par un extra-terrestre", note Futurism. Exemple : "Le volleyball peut être compliqué, surtout sans un vrai ballon pour s’entraîner". Le syndicat des journalistes de Sports Illustrated, furieux, a vite publié un communiqué pour déplorer ces méthodes et s’en dissocier.
Cela veut-il dire que Sports Illustrated a publié des articles écrits par un ordinateur ? The Arena Group, qui possède la publication, le nie, sans convaincre. Un porte-parole explique que ces articles font partie du contenu fourni par une entreprise-tiers du nom d’AdVon Commerce et qu’ils n’ont pas été produits par la rédaction de Sports Illustrated. The Arena Group ajoute qu’AdVon lui a assuré que les articles proposés pour Sports Illustrated et d’autres titres du groupe sont bien écrits par des humains mais que ces auteurs choisissent des pseudonymes pour protéger leur identité. The Arena Group l’ignorait, semble-t-il, et n’approuve pas cette façon de travailler. Il a par conséquent cessé son partenariat avec AdVon. Les articles en question ont été retirés du site depuis.
Une pratique déjà ancrée
Mais finalement, un monde dans lequel l’IA écrit des articles, on y vit déjà. En 2016, le Washington Post a confié à une intelligence artificielle baptisée Heliograf l’écriture d’articles très courts sur les résultats des Jeux Olympiques de Rio. Associated Press, la plus grande agence de presse du monde, se sert de l’IA pour des dépêches sur les résultats financiers des entreprises. Mais ce n’est pas un secret, l’IA est clairement identifiée. Le Post comme AP justifient leur choix par le temps libre laissé ainsi à leurs reporters pour traiter d’autres sujets, qui demandent du reportage ou de l’analyse.
Le but est aussi de produire du contenu à moindre coût. Les sites Gizmodo, BuzzFeed, Cnet ou le groupe Gannett, propriétaire de USA Today et de centaines de journaux locaux, ont aussi utilisé l’IA avec des résultats douteux et beaucoup d’erreurs pour l’instant. Mais dans le cas de Sports Ilustrated, la situation est bien plus tendancieuse puisque les articles sont signés par des journalistes qui n’existent pas. L’écriture répétitive permet de déceler la présence d’intelligence artificielle aujourd’hui mais avec le progrès de la technologie, ce sera sans doute plus compliqué demain.
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