C'est comment ailleurs ? Les wagons réservés aux femmes au Japon
Alors que la plupart des femmes sont victimes de harcèlement sexuel dans les transports en commun, franceinfo s’intéresse au Japon où des wagons leur sont réservés
Si 267 000 personnes, essentiellement des femmes, ont été harcelées sexuellement en France en 2015 et 2016 dans les transports en commun, la capitale japonaise Tokyo a choisi de réserver des wagons entiers aux femmes.
Cette solution a été choisie en 2005 sur de nombreuses lignes de métro et de trains de banlieue de Tokyo afin de lutter contre le "chikan", terme qui désigne au Japon les attouchements contre une personne qui n'est pas consentante. "Chikan" désigne aussi l'agresseur
Ras-le-bol des peloteurs !
Au début des années 2000, le phénomène des mains baladeuses prenait des proportions insupportables. Une enquête de la police de Tokyo avait révélé que les deux tiers des femmes de 20 à 40 ans étaient victimes d’attouchements, dans la majorité de cas, le matin entre 7h et 9h.
Dans les années 90, un homme, anonyme, avait eu le culot de publier un livre "Journal d'un peloteur" dans lequel il donnait ses recettes pour sévir en toute tranquillité. Gros scandale. Le livre avait été retiré de la vente sous la pression d'associations de femmes. Au début des années 2000, les japonaises en avaient assez.
Mesure progressive
La mise en place des wagons réservés aux femmes s’est faite graduellement. D'abord, en 2000 sur une ligne entre le centre de Tokyo et les cités dortoirs de l'ouest de l'agglomération. Ces wagons ont été instaurés en fin de soirée, puis sur l'ensemble de la soirée et finalement aux heures de pointes.
En 2001, même schéma sur une ligne de trains de banlieue réputée pour ses "chikan", en raison des longues distances entre les différentes gares. En 2002, une ligne de métro d'Osaka, tristement célèbre pour ses soucis de harcèlement, s'y met aussi avec des wagons pour femmes toute la journée.
Tokyo en 2005
Cette année-là, la plupart des compagnies de Tokyo mettent en place des wagons réservés aux femmes. Certaines autorisent l'accès aux garçons qui sont écoliers ou aux handicapés. Sur les quais, des panneaux indiquent les wagons, les jours et les heures réservés aux femmes. D'autres panneaux rappellent que les "chikan" risquent un an de prison et jusqu'à 3 700 euros d'amende.
Satisfaction
Les femmes sont satisfaites du système. Elles ont la paix. Leurs wagons sont la plupart du temps moins chargés que les wagons classiques. Cela dit, beaucoup de femmes voyagent alternativement dans "leurs" wagons et dans les wagons ordinaires pour des raisons pratiques, de correspondance par exemple.
Ce n'est pas la première fois que le Japon adopte une telle mesure. Au début du siècle dernier, il y avait déjà des wagons réservés aux femmes ainsi que dans les années 40. Ce n'est qu'en 1973 que ces wagons avaient disparu pour finalement réapparaitre dans les années 2000.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.