C'est dans ma tête. Linda Brown, ou l'intérêt d'enseigner aux enfants l'histoire des luttes contre le racisme.
C'est le courage et la détermination du père de la fillette qui a fait plier le Kansas ségrégationniste, en 1954. Dans le respect des lois américaines.
On a célébré lundi dernier, 25 Mars, le premier anniversaire de la mort de Linda Brown, qui fut à l’origine de "l’Arrêt Brown" par lequel par lequel la Cour Suprême des Etats Unis a, en 1954, déclaré inconstitutionnelle la ségrégation raciale dans les écoles publiques.
Quel est l'intérêt d’enseigner aux enfants l’histoire des luttes contre le racisme ?
On peut rappeler que Linda Brown était une petite fille noire de 9 ans, qui devait faire chaque jour, dans l’État du Kansas, plusieurs kilomètres à pied pour aller à l’école, parce que les écoles plus proches étaient réservées aux blancs. Son père ne l’a pas accepté, il a rejoint une Organisation qui luttait contre la ségrégation, et ils ont gagné. Je pense que l’on devrait, dès l’école primaire, enseigner cette histoire aux enfants.
Vous pouvez nous expliquer pourquoi ?
Cette histoire, comme bien d’autres, permet de parler concrètement du racisme et, aujourd’hui, c’est essentiel. Parce que l’on se rend compte que de plus en plus d’adolescents, victimes de la prétendue "parole décomplexée", et de la promotion qu’en font les réseaux sociaux, pensent -et disent, d’ailleurs- que l’interdiction des propos racistes n’a pas de sens. Que les adultes les leur interdisent comme ils leur interdiraient les "gros mots", parce qu’ils sont "coincés" et prisonniers de tabous. Or, l’histoire de Linda Brown montre, à partir de l’exemple d’une enfant, à laquelle d’autres enfants peuvent s’identifier, ce que peuvent être les conséquences concrètes du racisme. Et il est très important de leur expliquer aussi la lutte qu’a menée le père de Linda Brown.
Pour quelles raisons ?
Parce que cette lutte a été menée de façon réfléchie et organisée, et en s’appuyant sur une connaissance réelle des structures politiques des États Unis. Le père de Linda Brown s’est allié, pour défendre sa fille, à une association qui avait déjà déposé un recours contre l’État du Kansas. Ils ont perdu. Mais ils ont continué, rassemblé des cas dans d’autres États, et fait un recours devant la Cour Suprême. Et, là, ils ont gagné.
Cette histoire permet donc de montrer aux enfants qu’un combat demande toujours de la ténacité : on gagne rarement du premier coup. Mais surtout que, contrairement à ce que pourraient leur laisser croire ceux que l’on nomme aujourd’hui "les casseurs", on peut gagner un combat en ayant d’autres repères que ses impulsions individuelles, ses envies de violence, et le plaisir que l’on prend à tout casser. Que l’on peut le gagner en faisant un travail collectif pour comprendre le fonctionnement des structures auxquelles on se heurte, et en élaborant des stratégies communes pour faire aboutir ses revendications.
Enseigner l’Histoire aux enfants c’est leur donner le moyen de comprendre l’actualité et le monde dans lequel ils vivent, mais aussi ce qu’est une mobilisation, sans violence, pour des idées. Ce qu’ils sont parfaitement capables de comprendre. Les manifestations actuelles, autour du climat, le prouvent.
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.