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Intervention chirurgicale et réveil postopératoire : une étude marseillaise crée une petite révolution

Bientôt, nous n’aurons peut-être plus besoin de repos même après une intervention chirurgicale. Ce serait même le meilleur moyen d’en garantir le succès.

Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Même en cette époque si difficile pour les hôpitaux publics, une équipe européenne à Marseille, vient de réussir une expérience révolutionnaire avec des patients fraîchement opérés des poumons. (Illustration) (JAZZIRT / E+ / GETTY IMAGES)

Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5 évoque aujourd'hui les recherches de chercheurs européens, une équipe de l'hôpital Nord à Marseille, pour aider les patients à récupérer plus vite après une intervention chirurgicale.

franceinfo : Une équipe marseillaise a proposé pour la première fois en Europe à des patients de faire quelques pas juste après une importante opération sur leur poumon ?
 

Géraldine Zamansky : Oui, c’est une équipe de l’Hôpital Nord à Marseille qui a changé l’ambiance de la salle de réveil, à la sortie du bloc opératoire pour cette première étude européenne. Le Pr Laurent Zieleskiewicz, anesthésiste-réanimateur, m’a raconté cette petite révolution réalisée sous haute surveillance médicale. Car les patients concernés venaient d’avoir une partie de poumon retirée chirurgicalement.

Les patiens étaient bien réveillés depuis une à trois heures quand on leur a proposé de s’asseoir et de boire du jus de pomme, après des heures à jeun pour l’intervention. Ensuite, ils avaient un petit cours pour oser tousser, et bien respirer. Car le risque principal dans les heures et les jours qui suivent ce type d’opération, c’est que le poumon se replie sur lui-même et s’infecte. Il faut donc le stimuler. Pour y parvenir, une fois la tension contrôlée, le patient pouvait essayer de tenir debout 3 minutes. Et ensuite de marcher dans le service. Pour convaincre ceux qui étaient inquiets, le Pr Zieleskiewicz leur expliquait que c’était la clé d’une meilleure récupération post-opératoire.

Et alors, c’est vrai ? Les promeneurs se sont mieux remis ?

Absolument. L’amélioration a même été observée pour ceux qui ont seulement pu suivre le cours de remise en service des poumons. Dans l’ensemble, les 243 bénéficiaires de cette réhabilitation précoce, selon le terme médical, ont eu 2 fois moins de complications que dans un protocole normal. Et presque 5 fois moins pour les marcheurs. En réduisant ainsi les pneumonies et les rétractions du poumon, ils ont aussi divisé par 6 le besoin d’assistance respiratoire.

Avant même d’avoir les résultats statistiques, l’équipe voyait la métamorphose des patients en quelques pas. Souvent pliés en deux au début, avec la peur de tirer sur le pansement et d’avoir mal, ils se redressaient et allaient parfois jusqu’à leur chambre d’hospitalisation. C’est bien sûr grâce aux progrès des chirurgiens qui réduisent les séquelles. Et grâce aux anesthésistes dont les nouveaux produits facilitent le réveil. Ils laissent parfois aussi une sorte de perfusion locale d’antidouleur au niveau des cicatrices par exemple.

Résultat, les patients vont beaucoup mieux et ressortent plus vite de l’hôpital. Et on le sait, à l’hôpital, le temps c’est de l’argent. Les économies réalisées pourraient permettre de recruter un kinésithérapeute en salle de réveil. Pour l’étude, chacun avait accepté d’y contribuer en plus de son service normal. Alors coup de chapeau aux équipes soignantes pour leur impressionnant engagement dans un contexte hospitalier souvent difficile. 

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