Après l'AVC : renforcer l'accompagnement face au risque de dépression
Des spécialistes des maladies cardiovasculaires lancent un appel à l’accompagnement psychologique renforcé des patients victimes d’un accident vasculaire cérébral. Les précisions de Géraldine Zamansky journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.
franceinfo : Une nouvelle étude montre que le risque de dépression est très élevé après un AVC ?
Géraldine Zamansky : Absolument, la dépression touche plus de la moitié des personnes qui ont traversé un accident vasculaire cérébral. Et surtout, cette menace reste très forte pendant 5 ans.
Tel est le dernier bilan, publié dans le Lancet, du suivi de 6641 patients britanniques, jusqu’à 18 ans après leur AVC. C’est-à-dire une lésion du cerveau provoquée par un vaisseau sanguin bouché ou une hémorragie. Avec des symptômes variables selon la partie touchée, comme un visage à moitié paralysé, ou une altération des mouvements, de la parole ou de la vue. Il faut très vite appeler le 15.
Mais passé cet état d’urgence, c’est à d’autres symptômes que les proches et les soignants doivent désormais faire attention ?
Alors je vous rassure, les spécialistes ne découvrent pas ce risque, comme me l’a précisé le Pr Didier Smadja, chef d’une unité dédiée aux AVC au Centre hospitalier sud francilien, en banlieue parisienne. Deux facteurs de dépression sont alors bien identifiés. Il peut y avoir, mais c’est minoritaire, une lésion de zones du cerveau, directement impliquées dans l’humeur.
Le choc représenté par l’AVC et ses séquelles est bien plus déterminant. Le Pr Smadja m’a expliqué que cette publication britannique invite tous les spécialistes à prolonger leur vigilance bien au-delà de la première année. Avec le moment critique où la personne arrête de récupérer grâce à la rééducation, et doit faire face à son niveau de handicap. Elle peut s’effondrer moralement, surtout si sa situation sociale et affective est fragile. Le risque de cercle vicieux pour son état de sa santé est alors réel.
J’imagine que le niveau de handicap justement, est proportionnel au risque de dépression ?
Oui, en général, c’est lié, comme l’a montré en 2020 une analyse coordonnée par le Pr Philip Gorwood, chef de service à l’Hôpital Sainte-Anne à Paris. Mais ces cas de dépression sévère face à un handicap très lourd, peu après l’AVC, sont en général bien diagnostiqués.
Pour les autres, ce psychiatre invite les patients, l’entourage et les généralistes à utiliser un des questionnaires de dépistage très simples, et accessibles en ligne. Car il existe ensuite des solutions comme les médicaments antidépresseurs, et des thérapies comportementales et cognitives par exemple.
Le Pr Gorwood insiste sur l’importance d’une prise en charge complète, pour réduire les nombreuses rechutes recensées par les Britanniques. Il faut comprendre que le cerveau a été fragilisé par l’AVC, comme un os par une fracture, et l’aider à se consolider complètement pour mieux se protéger.
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