Faut-il revoir les courbes de croissance des carnets de santé ?

Les médecins ne contestent pas l'utilité de ces courbes de croissance mais ils remettent en cause les données de ces  courbes qui ne correspondent plus aux réalités d'aujourd'hui car elles datent de 40 ans. Pour les établir, le Professeur Michel Sempé a suivi pendant une vingtaine d'années 500 enfants de leur naissance jusqu'à la fin de leur croissance. Ce travail s'est déroulé entre 1953 et 1975,  les courbes ont été publiées en 1979. Et c'est là que se situe le problème car depuis les données ont changé. Les conditions de vie des enfants ne sont plus les mêmes : leur alimentation est plus diversifiée qu'avant, ils font aussi plus de sport. La conséquence est simple : à âge identique, les enfants sont globalement plus grands et plus lourds que ceux qui vivaient il y a 40 ans. En clair, les courbes de croissance  ne correspondent plus à la réalité d'aujourd'hui.

Une expertise de l'INSERM

Une équipe de l'INSERM vient de réaliser une étude. Elle a analysé la taille et le poids de 27 000 enfants qui sont nés en France entre 1981 et 2007 et dont l'âge allait de la naissance à 18 ans. Le résultat n'a pas été une grande surprise : la taille et le poids de ces enfants étaient globalement supérieurs aux courbes de croissance qui figurent dans le carnet de santé... Par ailleurs ces nouvelles données sont assez proches de celles qui figurent sur les courbes de croissance que l'OMS a publiée en 2006 et qui ont été adoptées depuis par de nombreux pays.

Bientôt de nouvelles courbes de croissance ?

Pour l'instant la décision n'est pas prise car tout n'est pas si simple. Par exemple, sans que l'on comprenne pourquoi, la croissance des enfants français entre la naissance et l'âge de 6 mois est plus faible que celle des enfants qui ont participé à la fabrication des courbes OMS. Si donc on décidait d'adopter les courbes OMS, on risquerait d'inquiéter inutilement les parents qui penseraient que leur bébé a un retard de croissance. Au final, les spécialistes se demandent s'il ne faudrait pas conserver les courbes de croissance françaises actuelles et laisser le dernier mot aux médecins. Ils savent que les enfants sont aujourd'hui plus grands qu'il y a 40 ans et peuvent donc interpréter les points qui s'éloignent des courbes actuelles