Hernie inguinale : des chirurgiens démontrent l'intérêt d'une attente sous surveillance, avant l'opération

Cette semaine, des chirurgiens publient dans la revue du Lancet un article pour valoriser l’attente avant une opération chirurgicale, en matière d'hernie inguinale.
Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une opération chirurgicale d'une hernie inguinale. (Illustration) (BSIP / UNIVERSAL IMAGES GROUP EDITORIAL / GETTY IMAGES)

C’est très original. Cette semaine, des chirurgiens publient dans la grande revue du Lancet un article pour valoriser l’attente avant d'opérer des patients qui souffrent d'une hernie inguinale. Les précisions de Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.

franceinfo : Cette étude concerne plus précisément des hommes ayant une hernie inguinale, ce qui est très fréquent ?  

Et oui, lorsque les muscles, en bas de l’abdomen, se relâchent un peu au fil des années, ils laissent plus facilement passer une petite partie de l’intestin sous la peau, au niveau de l’aine. Cela peut prendre la forme d’une boule de taille très variable. Le risque, c’est la hernie étranglée, quand le trou par lequel l’intestin est sorti se resserre et le bloque. Là, il faut vraiment opérer.

Mais en dehors de cette urgence, quel est le bon moment ? Pour répondre à cette question, ces chirurgiens néerlandais ont proposé à 496 patients deux options par tirage au sort. Soit une intervention immédiate, soit l’attente sous surveillance. Résultat, après 12 ans de suivi – ce qui est très rare – un tiers des volontaires du second groupe n’avait toujours pas eu besoin du bistouri.  

D’accord, mais les autres, deux sur trois, ont donc été opérés ? 
 
Tout à fait. Souvent, dans les deux premières années, s’ils avaient des symptômes gênants au départ. Mais ceux qui n’en avaient pas sont restés loin du bloc opératoire 4 ans de plus en moyenne. Et surtout, quelle que soit l’option initiale, la qualité de vie est similaire au bout de 12 ans. C’est là tout l’intérêt de cette étude : prouver qu’il est possible de prendre son temps sans danger. Un argument supplémentaire pour les futures consultations du Dr Jérôme Loriau.

Ce chef du service de chirurgie digestive, à l’Hôpital Saint-Joseph à Paris, m’a expliqué que pour lui, le critère principal de l’intervention est le niveau de gêne et de douleur, ressenti par le patient. Sauf s’il identifie une menace d’étranglement de la hernie, bien sûr. 

Mais pourquoi ne préfère-t-il pas opérer d’emblée pour éviter entièrement ce risque ? 
 
Parce que, désolée de rappeler cette information un peu inquiétante mais essentielle, toute opération comporte des risques. Quelle que soit l’expertise du chirurgien. Le Dr Loriau m’a par exemple rappelé que pendant le "rangement" de la hernie, l’atteinte d’un nerf est très rare, mais possible. Avec parfois des douleurs persistantes.

L’ensemble doit donc être évoqué en consultation, pour évaluer avec chaque patient sa fameuse balance bénéfices/risques. Et attention, si l’étude s’est focalisée sur les opérations de hernie inguinale au masculin. Ce n’est pas un oubli. C’est que les femmes ont souvent des hernies différentes qui doivent, elles, être rapidement opérées. 

L'étude

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