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L'ocytocine : l'hormone aux super-pouvoirs

Une étude suisse “prouve” l'apaisement des prématurés par la voix des parents à travers l'élévation de l'ocytocine. Une "hormone de l'attachement" prometteuse pour d'autres recherches.  

Article rédigé par franceinfo - Géraldine Zamansky
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
On le savait depuis longtemps, mais une étude vient de le prouver. La voix des parents apaisent les prématurés. (Illustration) (ANDRESR / E+ / GETTY IMAGES)

Pendant le festival d’Avignon cet été, entre deux spectacles, le public a aussi pu apprendre à quel point la voix des parents est essentielle pour les petits prématurés. C’était lors d’une conférence rassemblant des artistes et des scientifiques organisée par l’Agence nationale de recherche.  Les précisions de Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.

franceinfo : Les prématurés vont mieux quand ils entendent leurs parents ?

Géraldine Zamansky : Exactement, c’est ce qu’a expliqué Manuela Filippa à Avignon pendant cette conférence. Avec Didier Maurice Grandjean à la Faculté de Psychologie de Genève, ils explorent depuis des années le pouvoir de la voix et de la musique sur le bien-être des prématurés. Car ils sont parfois si fragiles que le contact peau à peau, contre la poitrine, est impossible. Parmi les moments compliqués, il y a les indispensables prises de sang quotidiennes. Alors l’équipe a proposé aux mamans de rester à côté et de chanter avant, pendant et après.  

Ils m’ont montré une vidéo. C’est impressionnant. La grimace accompagnée d’un léger pleur, dure seulement quelques secondes. Et le rythme cardiaque comme la respiration sont moins perturbés qu’un jour où la mère n’était pas là. Un autre effet est observé dans la salive du bébé : l’augmentation d’une hormone, l’ocytocine. Oui, c’est celle que les gynécologues utilisent pour déclencher l’accouchement. Mais en fait, elle a bien d’autres rôles. Elle stimule la création des liens affectifs et intervient dans le contrôle de la douleur. Or, elle était aussi en plus grande quantité dans la salive de la mère, après son chant !

Alors le chant et la parole améliorent le bien-être de ces familles un peu déstabilisées par la prématurité ?   

Exactement. Les questionnaires remplis par les mamans, après cet accompagnement, montrent qu’elles sont moins stressées quand elles peuvent aider leur enfant en chantant. Et dans une autre étude, l’équipe a montré que la voix des deux parents améliorait le bien-être de ces tout petits nourrissons.  

Manuela Filippa m’a expliqué l’importance de l’intonation de la voix qui s’adapte à l’état de l’enfant, pour le stimuler un peu, ou au contraire l’apaiser. C’est pour ça qu’elle pense qu’il serait risqué de faire des enregistrements à diffuser quand les parents doivent s’absenter. Car des recherches avec des bébés un peu plus grands ont déjà montré qu’entendre la voix joyeuse de sa mère alors qu’il va mal par exemple, ce qui traduirait une sorte d’indifférence, pourrait les mettre en état de détresse.  

Et puis surtout, comme me l’a précisé Didier Maurice Grandjean, qui supervise ces études, l’objectif est de rendre les parents les plus "actifs" possibles malgré la barrière de la couveuse. L’essentiel, c’est donc qu’ils soient là et qu’ils tissent un lien avec leur enfant, en commençant par la voix ! Et bien sûr la parole et la chanson sont bien sûr aussi très précieux pour les tout petits, même quand ils ne sont pas nés prématurés !        

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