La sensation d'un baiser sur la joue survit aux décennies

Une équipe marseillaise du CNRS publie les résultats d'une étude étonnante sur l'évolution du toucher au fil des décennies. Ils ont comparé la sensibilité de 96 femmes, âgées de 20 à 75 ans, au niveau du bout du doigt, de l'avant-bras et de la joue. Résultat : seule la sensibilité tactile diminue, et celle de la joue est la mieux préservée.
Article rédigé par franceinfo - Gérarldine Zamansky
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une équipe marseillaise CNRS publie aujourd'hui dans "Frontiers in Aging Neuroscience" les résultats d'une étude étonnante sur l'évolution du toucher au fil des décennies. (Illustration) (IMAGE SOURCE / GETTY IMAGES)

C’est d’une belle découverte française dont nous parle aujourd’hui Géraldine Zamansky, du Magazine de la Santé sur France 5. Quel que soit notre âge, le plaisir d’un baiser sur la joue resterait intact. Des chercheurs font l'hypothèse d'une mission à la fois protectrice et “sensorielle” des poils. Une étude qui permet de rappeler l'importance du toucher pour apaiser les personnes âgées.

franceinfo : Cette zone du visage garde sa sensibilité au fil des décennies ?  
 
Géraldine Zamansky : Absolument, pas besoin de renforcer une bise sur la joue de votre grand-mère, tandis que vous devez peut-être parler un peu plus fort pour compenser sa perte d’audition. Tels sont les résultats d’une étude qui a comparé l’évolution de la sensibilité au niveau des doigts, de l’avant-bras et des joues entre 20 et 75 ans.

Contre toute attente, ce sont les joues qui gardent les meilleures performances, comme me l’a expliqué Jean-Marc Aimonetti, dont le laboratoire CNRS-Université d’Aix-Marseille a organisé cette étonnante recherche. Même à 75 ans, les joues restent capables de détecter ce qui serait l’équivalent d’un très léger courant d’air. 

Mais comment ont-ils réussi à mesurer une telle sensibilité ? 
 
Grâce à la patience de 96 femmes qui ont accepté de leur consacrer environ deux heures. Dans une petite pièce protégée du bruit, les yeux bandés, pendant que de très fins filaments étaient appliqués sur les différentes zones de leur peau avec des pressions plus ou moins subtiles. Je vous rassure, comme me l’a précisé Jean-Marc Aimonetti, il y avait des pauses.

Il m’a surtout expliqué que la plus grande perte de sensibilité concerne les doigts. Ils sont exposés à de multiples sources "d’usure". Cuisine, jardinage, métier manuel… La peau s’endurcit et certains de ses récepteurs disparaissent. Rien à voir avec celle des avant-bras, qui reste, elle, très sensible. C’est grâce à la protection fréquente des vêtements sous nos tropiques et surtout, des poils ! 
 
Les poils améliorent la sensibilité ?   

Exactement, ils fonctionnent comme des sortes d’antennes supplémentaires. Leurs moindres mouvements sont transmis aux récepteurs de la peau. Et j’ai posé la question à Jean-Marc Aimonetti : cela vaut aussi pour le si fin duvet qui recouvre les joues des femmes. D’ailleurs, pourquoi seulement des femmes dans cette étude ? Car elle a commencé par d’autres recherches sur des crèmes hydratantes.

Il est prévu de rétablir la parité avec une enquête masculine cette fois. (Pour savoir si le rasage quotidien change la donne pour les hommes par exemple.) Mais une chose est sûre : notre peau garde mieux sa sensibilité si l’on en prend soin. Protection du soleil, hydratation, en buvant de l’eau et avec des crèmes, même très basiques… Pensez-y cet été, pour savourer longtemps le plaisir de recevoir un baiser – désiré – sur la joue ! 

 

L’étude de Léonard Samain-Aupi, Mariama Dione, Edith Ribot-Ciscar, Rochelle Ackerley, Jean-Marc Aimonetti  - Aix Marseille Univ, CNRS, CRPN (Centre de Recherche en Psychologie et Neurosciences - UMR 7077), Marseille, France.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.