Dans l'espace, les femmes résisteraient mieux que les hommes
Alors que vient d’être annoncé le départ de la deuxième Française dans l’espace, Sophie Adenot, une étude montre que le système immunitaire des femmes résisterait mieux à ces voyages. Explications avec Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5.
franceinfo : On doit cette découverte à une petite équipe de "touristes spatiaux" ?
Géraldine Zamansky : Absolument. En 2021, pour la première fois, 4 civils partaient dans l’espace durant 3 jours grâce au financement du vol par un milliardaire. Et cet équipage, composé de deux hommes et deux femmes, s’est prêté à un très grand nombre d’examens avant, pendant et après leur aventure. Des prélèvements sanguins ont ainsi montré une modification des défenses immunitaires, même en aussi peu de temps. Et surprise : les cellules chargées de lutter contre les infections ont été bien plus perturbées pour les deux aventuriers masculins. C’est ce qu'explique le professeur Christopher Mason, qui vient de publier dans la revue Nature (en anglais) les résultats de ces recherches réalisées au sein de Weill Cornell Medicine à New York.
Un séjour dans l’espace n’abîme pas seulement les os et les muscles des astronautes, mais aussi leurs défenses immunitaires ?
Le professeur Mason rappelle en effet les dangers du vol spatial pour le corps humain. Le plus connu, c’est l’apesanteur. Elle entraîne l’affaiblissement des os et des muscles. Mais l’absence de gravité à l’extérieur transforme aussi nos équilibres internes. Notre corps contient environ 65% d’eau : ces fluides vont se déplacer différemment ! Pour aider à comprendre la brutalité de ce changement, le Christopher Mason utilise l’image d’une cascade. Nous vous parlons ici souvent de l’équilibre crucial de bactéries présentes dans l’intestin, par exemple, le fameux microbiote. Là, imaginez des déplacements "en cascade" auxquels les défenses immunitaires doivent faire face. Il y a de quoi être perturbé. Elles peuvent aussi être atteintes par les irradiations toxiques issues des rayons cosmiques.
L'organisme est donc moins bien protégé contre les infections ?
C’est l'un des effets observés. Certains globules blancs deviennent moins capables de détecter un microbe par exemple. Et cette atteinte est plus importante et plus longue chez les hommes d’après les analyses des 4 premiers "touristes de l’espace". La principale hypothèse des chercheurs est que le système immunitaire des femmes est conçu pour faire face à une autre incroyable réorganisation "interne" : la grossesse. Ainsi, il aurait de meilleures capacités d’adaptation.
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