Médecine esthétique : gare aux idées reçues
Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin a suivi la semaine dernière a eu lieu au palais des congrès de Paris, le congrès international de la dermatologie, de la chirurgie plastique et de la science du vieillissement, l'IMCAS. C’est l’occasion de bousculer quelques clichés sur cette médecine esthétique, méconnue et de plus en plus populaire.
franceinfo : Qu’est-ce que la médecine esthétique ?
Martin Ducret : C’est une spécialité médicale qui cherche à améliorer l’apparence physique du corps et du visage, sans passer par la case chirurgie. Donc pas besoin de bistouri, le médecin utilise des injections – l'acide hyaluronique ou le célèbre botox – mais aussi d’autres techniques comme les ultrasons, le laser ou la lumière, que l’on appelle la luminothérapie.
Quels types de patients viennent toquer à la porte d’un médecin esthétique ?
Et bien pas seulement des personnes âgées. Avant quarante ans, il est déjà possible de défatiguer son visage, de faire disparaître une tâche disgracieuse ou encore de remodeler sa silhouette. Les adolescents peuvent aussi être concernés. Par exemple, ceux qui souffrent d’acné. Grâce à quelques séances de laser, ils peuvent retrouver un meilleur état de leur peau, et reprendre une vie sociale plus sereine.
“Quel que soit leur âge et peu importe leur motif de visite, les patients cherchent avant tout un résultat le plus naturel possible, pour mieux se sentir dans leur peau, précise le Dr Nabil Dinaoui, médecin esthétique à Montpellier. Pour lui, l’aspect psychologique, pas assez mis en avant, est primordial dans sa pratique.
Vous dites naturel ? Ça contraste avec les visages figés aux bouches disproportionnées visibles sur les réseaux sociaux ?
Et bien, ce sont justement ces visages-là qui font du tort à cette spécialité, du moins dans notre pays. “L’école française en esthétique cherche avant tout un résultat naturel presque invisible, m'a précisé le Dr Dinaoui.” Des visages comme ceux-là témoignent d’une prise en charge dans d’autres pays, où cet aspect artificiel, signe extérieur de richesse, est valorisé. En France, la dose injectée est généralement plus faible qu’à l’étranger, et surtout l’action de ces produits injectés est réversible en quelques mois.
Les risques viennent surtout de la multiplication des injections dites “sauvages”, dont les pubs pullulent sur Instagram et Tiktok ?
Oui, absolument. Des personnes non diplômées s'improvisent médecin, et injectent des produits bas de gamme à des patients appâtés par des prix très attractifs. Les complications peuvent être désastreuses comme des infections, une destruction de la peau ou des douleurs persistantes. Il faut également éviter d’aller se faire traiter à l’étranger, dans des pays où la qualité des produits et la compétence médicale sont incertaines.
Pour minimiser les risques, consultez donc obligatoirement un médecin esthétique, inscrit au tableau de l’ordre des médecins français. En plus de bien maîtriser les techniques de cette spécialité, il pourra détecter les demandes excessives, qui malheureusement explosent chez les jeunes, influencés négativement par les réseaux sociaux.
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