Un jeune métier qui doit être mieux réglementé : préparateur mental
Sans préparation mentale, Léon Marchand n'aurait peut-être pas décroché toutes ses médailles olympiques. Cet accompagnement des sportifs, en amont des épreuves, peut parfois poser question. Le point avec le docteur Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du médecin.
franceinfo : Comment se passe une préparation mentale ?
En pratique, le sportif fait appel à un préparateur mental qu'on peut appeler aussi un coach mental. Au cours de plusieurs séances, ce dernier va, en quelque sorte, muscler le cerveau de l'athlète pour augmenter sa force mentale. Il va lui permettre de mieux gérer son stress, d'améliorer sa confiance en soi et sa concentration. Pour cela, il utilise différents outils comme la méditation, l'hypnose, la relaxation ou l'imagerie mentale, une technique qui consiste à créer ou à recréer dans les pensées une expérience, une situation ou un geste sportif.
Existe-t-il des techniques particulières ?
Parfois, oui. Certains préparateurs mentaux comme Frédéric Chevalier – également ancien sportif de haut niveau en aviron – utilisent l'apnée et l'immersion en eau froide avec leur patient. Il explique que "s'immerger dans l'eau glacée est une des manières d'apprendre à lâcher prise". C'est particulièrement efficace pour des personnes qui sont dans l'hyper contrôle et l'inhibition de leurs émotions, comme certains sportifs ou dirigeants d'entreprise.
Un préparateur mental, est-il forcément un psychologue du sport ?
Non, pas forcément. Le titre de préparateur mental n'est pas protégé, ce qui signifie que n'importe qui peut se définir coach mental sans avoir suivi de formation. Cette absence de cadre professionnel laisse la porte ouverte aux apprentis sorciers, et cela cause du tort à cette nouvelle spécialité, qui existe en France depuis une dizaine d'années. Selon Régis Scotté, psychologue clinicien à Boulogne sur Mer spécialisé dans le sport et actuellement en poste au village olympique, "un préparateur mental vise à rendre un sportif plus performant, mais il doit avant tout prendre en compte son bien-être général et savoir dépister une éventuelle souffrance psychologique sous jacente", ce qui nécessite alors une prise en charge par un professionnel en santé mentale, comme un psychologue par exemple.
L'idéal est donc de consulter un psychologue spécialisé en préparation mentale ?
Oui, c'est un plus, "cela permet d'apporter une garantie de formation" précise Lise Anhoury, psychologue du sport à La Rochelle et anciennement à l'INSEP. Mais ce n'est pas indispensable non plus. Il existe des préparateurs mentaux non psychologues compétents qui ont suivi des formations reconnues et qui orientent le sportif vers un professionnel de la santé mentale quand c'est nécessaire. Mais pour un athlète, il n'est pas toujours facile de trouver le bon préparateur mental ayant eu une formation solide et qui connaît ses limites. C'est pourquoi ce jeune métier nécessite un cadre réglementaire afin de garantir aux patients une prise en charge avec un minimum de dérives.
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