72% des managers constatent une augmentation des pratiques religieuses en entreprise, d'après une enquête
Selon une enquête réalisée par l'Institut Montaigne, les faits les plus courants concernent le temps de travail (absences, aménagements de plannings, etc.), le port de signes religieux ostentatoires (29%) ou encore la prière pendant les pauses (13%)
L'Institut Montaigne (think tank indépendant) s'est penché sur la religion en entreprise dans une étude dont franceinfo a pu consulter les résultats. 1 104 personnes "exerçant des responsabilités de management" ont répondu à un questionnaire. D'après ce baromètre, 72% des personnes interrogées considèrent que le "fait religieux" est de plus en plus présent en entreprise. Les faits les plus courants sont l'aménagement du temps de travail (absence, aménagement des plannings), le port de signes religieux ostentatoire et la prière.
"Une banalisation du phénomène"
71,8% des répondants à cette enquête constatent une augmentation des manifestations de la religion au travail. "La présence du fait religieux au travail s'est banalisée mais elle n'est toujours pas anodine" d'après l'enquête.
Les faits les plus courants concernent le temps de travail (absences, aménagements de plannings, etc.), le port de signes religieux ostentatoires (29%) ou encore la prière pendant les pauses (13%). 7% des "faits religieux" observés sont des prières pendant le temps de travail, 6% concernent le refus de travailler avec des femmes, 2% consistent à ne pas vouloir être managés par des femmes ou leur serrer la main (5%).
L'étude souligne qu'une intervention managériale est nécessaire dans 54% des cas, contre 51% en 2018. 19% de ces cas génèrent des conflits ou des tensions, (1 point de plus qu'en 2018).
Des situations "mieux abordées et maîtrisées"
Dans son analyse qualitative, l'Institut Montaigne estime qu'une "très large majorité de situations est de mieux en mieux abordée et maîtrisée" par les salariés et le management. Lionel Honoré, directeur de l'Observatoire du fait religieux en entreprise et auteur de ce rapport, a expliqué jeudi 7 novembre sur franceinfo que le "fait religieux est de moins en moins conflictuel et de mieux en mieux géré" par les managers. C'est "90% des entreprises", a-t-il précisé.
"Il y a vraiment deux réalités. Ça se passe très bien dans une majorité d'entreprises et de mieux en mieux" et "dans une minorité d'entreprises, ça se passe de pis en pis, en quelque sorte", a-t-il affirmé. "Dans 10% des situations, vraiment une minorité. C'est à la marge, mais ce n'est pas anecdotique. On retrouve des situations qui sont de plus en plus compliquées", explique-t-il.
Ça peut être un salarié qui refuse d'adapter son comportement à une contrainte forte de l'entreprise, qui refuse de porter, par exemple, des équipements de sécurité. Ça peut être, et ça représente une part non négligeable des cas de refus de travailler, refus de réaliser des tâches, refus de travailler avec les femmes, refus de travailler sous les ordres des femmes ou refus de saluer des femmes, refus de travailler avec des gens qui ne sont pas de la même religion...
Lionel Honoré, auteur du rapportà franceinfo
Peu de discriminations dans le milieu du travail
Un peu plus de 80% des personnes interrogées dans cette enquête n’observent "pas, ou très rarement", de situations de discrimination dans leur environnement de travail, selon le baromètre. "Près de 9% en observent occasionnellement et plus de 10 % en observent régulièrement, note l'Institut. Même s’il faut constater que la discrimination est absente de la très grande majorité des situations de travail des personnes interrogées, une sur cinq en repère, ce qui reste un niveau important."
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