"Ce n'est pas l'IA qui me volera mon métier, mais ceux qui savent s'en servir", témoigne une scénariste

Tout l'été, on interroge des salariés, des indépendants, des fonctionnaires, des chefs d'entreprise sur leur rapport aux intelligences artificielles génératives. Comment les utilisent-ils, comment modifient-elles leur pratique professionnelle ? Aujourd'hui, Laura Ghazal, scénariste.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
"ChatGPT, c'est une arme que je dégaine si j'ai un syndrome de la page blanche. Souvent, quand je lui demande des idées, ce qu'il me renvoie, je me dis que c'est exactement ce vers quoi je ne dois pas aller" s'amuse Laura Ghazal. (Illustration) (TEERA KONAKAN / MOMENT RF / GETTY IMAGES)

Laura Ghazal se définit comme un couteau suisse. À 41 ans, elle est scénariste, réalisatrice de courts-métrages, de films publicitaires et de podcasts audio. Elle écrit des chroniques humour pour un magazine, et elle est montée sur scène en 2021, pour son premier one-woman-show. Des métiers tous intimement liés à l'écriture.

Elle se souvient de la première fois qu'elle a testé ChatGPT, début 2023 : "J'ai demandé à ChatGPT de me trouver cinq idées de scénario, en étant persuadée qu'il n'allait rien trouver d'intéressant. Tout à coup, j'ai comme un coauteur, avec cinq idées, quatre mauvaises et une pas mal."

"Là, je me suis dit que les productions, quand elles vont avoir besoin d'idées, elles ne vont peut-être plus passer par moi. Ma première réaction, c'est que j'ai été envahie par la peur".

Laura Ghazal

scénariste, réalisatrice de courts-métrages, de films publicitaires et de podcasts audio

Maîtriser les IA génératives en apprenant à s'en servir

Laura Ghazal dit avoir surmonté sa peur en apprenant à maîtriser ces IA, capables de générer du texte. "J'ai une croyance que ce n'est pas l'IA qui me volera mon métier, mais ceux qui savent s'en servir et donc, un an et demi plus tard, c'est un outil dans une boite à outils, où j'ai plein d'autres outils. Je ne me sers pas de ChatGPT quotidiennement, c'est une arme que je dégaine si j'ai un syndrome de la page blanche. Souvent, quand je demande des idées à ChatGPT, ce qu'il me renvoie, je me dis que c'est exactement ce vers quoi je ne dois pas aller."

"Si ChatGPT a été entraîné sur des écrits existants, s'il me propose cela, c'est que quelque part, cela existe déjà. Mais de ces premières idées, vont naître d'autres idées. C'est un outil de brainstorming."

Laura Ghazal

Ce qui rassure Laure Ghazal, c'est que pour le moment, ChatGPT ne sait pas transmettre les sentiments dit-elle, et qu'il est dénué d'humour. Elle nous donne un exemple. 

"Je devais faire une chronique humour, j'étais hyper à la bourre, j'ai copié-collé mon style sur ChatGPT, je lui ai donné mes anciennes chroniques, je lui ai donné un sujet. Le résultat était tellement nul, en termes de "punchlines" et de vannes, que je m'en suis servi pour prendre le contre-pied, en disant : "je vous rassure, cette vanne n'est pas de moi, elle est de ChatGPT".

"ChatGPT n'a pas vécu, ce n'est pas un humain, il donne l'illusion de l'intelligence, mais il n'est pas intelligent, c'est juste des mathématiques. Il y a des endroits où il est très fort, et des endroits où il ne l'est pas encore, et cela m'arrange ! Le fait de connaître ses atouts et ses faiblesses, quand je suis face à des productions qui pensent que ChatGPT peut tout faire, je suis crédible pour expliquer ce qu'il peut faire ou ne pas faire."

La scénariste Laura Ghazal

Aujourd'hui, Laura Ghazal se dit à la fois sceptique et curieuse, face aux intelligences artificielles génératives. Si elles sont incapables d'écrire un scénario avec de bons dialogues, dit-elle, elle s'interroge pour l'avenir, vu la vitesse à laquelle se perfectionnent ces nouveaux outils.

Pour explorer ces questions, Laura Ghazal a créé IAtus, un podcast qui traite des IA génératives avec le spécialiste Gilles Guerraz.

Le lien du podcast IAtus

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