Des jours de congés offerts aux salariés qui prennent le train

Le concept écologique de jours de congés offerts pour les salariés qui voyagent en train, continue de s’étendre, avec des variantes. Les précisions de Sarah Lemoine.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Depuis mai 24, une entreprise parisienne offre un "congé ferroviaire" à ses 30 salariés pour les inciter ou les récompenser de prendre le train pour leurs vacances ou week-ends.Un salarié sur trois de l’agence a déjà utilisé le dispositif. (Illustration) (MYSTOCKIMAGES / E+ / GETTY IMAGES)

Des jours de congé supplémentaires pour les salariés qui prennent le train. Le concept a été lancé il y a près de deux ans par une start-up. Depuis, une poignée d’entreprises se sont lancées dans l’aventure.

franceinfo : Ce concept écolo intéresse de plus en plus d'entreprises, et notamment une petite agence de communication parisienne ? 

Sarah Lemoine : Cette agence s’appelle Bona Fidé. Depuis mai dernier, elle offre un "congé ferroviaire" à ses 30 salariés pour les inciter ou les récompenser de prendre le train pour partir en week-end ou en vacances.

Concrètement, si le trajet en train dure entre 4h30 et 5 heures, le salarié bénéficie d’une demi-journée de récupération. Si le trajet dépasse 5 heures, c’est un jour entier. Dans la limite de deux récups par an, ou quatre demi-journées. Sur présentation du billet, à l’issue du déplacement.

Comment l’idée a-t-elle germé ?

Le déclic a eu lieu après l’animation d’une fresque du climat avec tous les salariés, raconte la directrice générale de l’agence, Raphaëlle Giniès, "L’atelier a montré à quel point le manque de temps entrave les bons gestes écologiques, explique-t-elle, alors qu’il faut justement décélérer pour décarboner nos activités".

Pour la direction, proposer ce congé ferroviaire, c’était partager le coût du temps supplémentaire passé en train. Les salariés prennent plus de temps pour voyager et l’entreprise prend en charge ce surplus.

Quel est le bilan au bout de six mois ?

Un salarié sur trois de l’agence a déjà utilisé le dispositif. Parmi eux, Elie Bittar, jeune consultant de 29 ans, originaire de Montluçon dans l’Allier. Un week-end là-bas, pour lui, c’est jusqu’à 10 heures de train aller-retour. Grâce au congé ferroviaire, il peut arriver le vendredi avant le dîner, et non plus à minuit.

Et ce rab de quelques heures est essentiel, selon lui, pour renforcer les liens avec sa famille et ses amis auvergnats. "Je me sens respecté, dit-il, parce que je peux concilier ma carrière à Paris, et mon ancrage local, avec en plus l’aspect écologique qui est cher à ma génération." Élie a déjà utilisé un jour et demi depuis 6 mois.

Quel est le coût financier de ce congé ferroviaire pour cette petite entreprise ?

20.000 euros par an, si chaque salarié utilise les deux journées. Bona Fidé fera un bilan complet à l’issue de la première année. En essayant de calculer le bilan carbone, quand l’avion ou la voiture ont été évités. Pas sûr en revanche qu’elle puisse l’inclure dans son propre bilan, puisqu’il s’agit de trajets non-professionnels.

"C’est un engagement qui va au-delà", rétorque la directrice générale. Le congé ferroviaire est aussi une façon d’améliorer la marque employeur, dit-elle. "Le dispositif devient un marqueur dans la stratégie de recrutement. Cela plaît aux candidats."

Dans cette agence, la moyenne d’âge dans les équipes est de 28 ans. "Ils attendent des engagements forts, pas de fausses promesses", souligne Raphaëlle Giniès.

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