Entreprises privées : six cadres sur dix ont vu leur rémunération augmenter cette année, du jamais vu depuis 15 ans

Selon l'association pour l'emploi des cadres, cette augmentation de la rémunération des cadres entre juin 2023 et juin 2024 est inédite depuis 15 ans, mais l'étude relève des différences notables en fonction de la carrière professionnelle et de la région.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les entreprises privées ont continué d’ouvrir le portefeuille cette année. (Illustration) (BIM / E+ / GETTY IMAGES)

Face à l’inflation et les difficultés de recrutement, les entreprises privées ont continué d’ouvrir le portefeuille cette année. La part des cadres qui a bénéficié d’une augmentation atteint un niveau inédit depuis de nombreuses années. Les précisions de Sarah Lemoine. 

franceinfo : 60% des cadres ont donc vu leur rémunération fixe et variable augmenter entre juin 2023 et juin 2024 ?

Sarah Lemoine : D’après l’Association pour l’emploi des cadres, il faut remonter 15 ans en arrière pour retrouver une telle proportion. "Avant la crise sanitaire, on était habituellement un peu en dessous d’un cadre sur deux, augmenté chaque année", explique Gilles Gateau, le directeur de l’Apec.

Depuis 2022, et l’arrivée de l’inflation, cette part a progressé tous les ans. "En gardant en tête, dit-il, que seul un quart de cette population bénéficie des augmentations collectives, au sein de leur entreprise. Les trois-quarts restants n’évoluent que grâce aux augmentations individuelles". 2024 a donc fait un peu plus de gagnants, même s’il y a toujours des perdants.

Est-ce que la mobilité est plus récompensée ?

Oui, mais avec des différences notables. Habituellement, les cadres qui changent d’entreprise (sans passer par la case chômage) sont nettement plus nombreux à voir leur rémunération augmenter. Cette année, il s’est passé tout l’inverse. La palme revient à ceux qui ont changé de poste au sein de leur organisation, avec un écart net. Enfin, parmi ceux qui n’ont pas du tout bougé, 57% ont été augmentés.

"Dans un contexte d’inflation et de tensions sur les recrutements, les entreprises ont sorti le porte-monnaie pour fidéliser les cadres, analyse le directeur de l’Apec. La question bien sûr, c’est qu’est ce qui va se passer l’an prochain, dans un contexte de fort ralentissement de l’inflation et de dégradation du marché du travail ? La part des cadres augmentés va diminuer, pronostique Gilles Gateau. Reste à savoir dans quelle proportion.

Combien gagne un cadre aujourd’hui en moyenne ?

La rémunération médiane est désormais de 54.000 euros brut par an selon l’Apec. Cela veut dire qu’une moitié des cadres gagne moins, une moitié gagne plus. Avec des différences notables en fonction du poste occupé, le parcours, le secteur d’activité, la taille de l’entreprise, mais aussi la région où ils travaillent.

En Occitanie, par exemple, la rémunération des cadres est la plus faible du pays, avec une médiane à 49.000 euros. Par ailleurs, une plus faible proportion de cadres a été augmentée cette année, comparée à l'ensemble des régions.

C’est assez contre intuitif, parce qu’on pense au groupe Airbus, installé à Toulouse. L’une des explications tient au grand nombre de TPE et de PME, et le peu de sièges sociaux en dehors des métropoles occitanes. La population y est jeune, aussi, et par nature, un peu moins bien payée.

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