Fait religieux en entreprise : comment les directions prennent-elles en charge le sujet ?

Porter un vêtement ou un bijou associé à une religion, demander un jour off pour assister à une fête religieuse, demander à prier pendant la pause ou pendant les heures de travail. Comment les entreprises gèrent-elles ces questions alors que le fait religieux continue de progresser dans les entreprises.
Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un pendentif religieux avec une croix, une main de fatma, et une étoile de David. (Illustration) (JEAN FRANCOIS FREY / MAXPPP)

La religion passe de plus en plus les portes des entreprises. 

franceinfo :  Quel est le constat ?

Sarah Lemoine : Quelques chiffres, d’abord, qui sortent du dernier baromètre sur le fait religieux en entreprise. 25.000 cadres et managers ont été interrogés cette année. Parmi eux, 71% détectent la présence de faits religieux dans leur environnement de travail, avec plus ou moins d’intensité. C’est le plus haut niveau enregistré, depuis la création du baromètre en 2013.

Les faits les plus fréquemment observés sont le port visible d’un signe religieux, la demande d’aménagement du planning, pour assister à une cérémonie ou suivre un rite, les comportements négatifs vis-à-vis des femmes, et prier pendant le temps de pause.

Si toutes les religions sont concernées, l’islam arrive en tête des faits religieux signalés, suivi par le catholicisme, les cultes évangéliques et le judaïsme.

Cela fait 10 ans que le fait religieux progresse en entreprise, comment les directions le gèrent-elles ?

Dans la grande majorité des cas, rappelle l’Observatoire, le fait religieux ne pose pas de difficultés organisationnelles dans les entreprises privées, qui rappelons-le, ne sont pas soumises au principe de neutralité, comme dans le secteur public. En revanche, elles sont plus nombreuses qu’il y a 10 ans à déployer des outils pour se prémunir des situations dysfonctionnelles.

Par exemple, un salarié qui pour motif religieux refuse une tache, refuse de travailler avec une femme ou prie pendant son temps de travail ; des cas minoritaires, mais qui augmentent eux aussi. Depuis 2016, suite à l’affaire Baby-Loup, les entreprises privées ont le droit de restreindre la liberté religieuse pour des motifs de sécurité ou de bon fonctionnement.

Cette année, la part des entreprises qui ont prévu des dispositions dans le règlement intérieur s’élève à 40%. Celles qui ont une charte ou un guide, c’est 19%, et celles qui proposent des formations, c’est 23%.

Cela reste assez peu, quand même ?

Peut-être, mais ces chiffres progressent tous les ans, souligne Hugo Gaillard, maître de conférences à l’université du Mans, et qui travaille depuis 2016 sur la régulation du fait religieux en entreprise. "Les organisations qui clarifient leur position, à travers une multiplicité d’outils (règlements, chartes, formations...) sont celles qui rencontrent le moins de difficultés, dit-il. Cela permet aussi d’épauler les managers qui sont en première ligne, et parfois un peu démunis".

Mais il y a encore des progrès à faire. D’après le baromètre, la moitié des cadres interrogés ne connaissent pas la politique de leur entreprise en matière de fait religieux.

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