Il y aurait 3,2 millions de personnes en "risque élevé" de burn out
C'est un chiffre qui alerte. 3,2 millions. 3,2 millions d'actifs français, soit plus de 12% de la population active, seraient "en risque élevé de burn out". Ce chiffre provient d'une étude réalisée par Technologia, un cabinet de prévention des risques au travail. C'est la première fois qu'une telle estimation du nombre de Français concernés par ce syndrôme d'épuisement professionnel est réalisée. Ca n'est qu'une projection. Et elle est très difficile à établir parce qu'il n'existe pas de définition "officielle", médicale, du burn out. Et puis l'étude de population "en risque élevé", mais pas touchée par le burn out... Tout est dans la nuance.
Au premier rang de ces Français qui seraient sur le point de craquer à cause de leur travail, ça n'est pas surprenant, les agriculteurs. On connait le taux de suicide très élevé chez les agriculteurs, avec un suicide tous les deux jours, selon les derniers chiffres. Ils sont suivis par les cadres et les artisans, commerçants et chefs d'entreprise. L'étude de Technologia tire tout particulièrement la sonnette d'alarme pour les cadres. 19% d'entre eux pourraient être menacés par le burn out, affirme le cabinet. Ils cumuleraient à la fois une trop grande quantité de travail excessif, demandé par leur hiérarchie, et un "épuisement émotionnel" dû à un "travail compulsif", une "impossibilité à ne pas travailler", comme si la vie psychique était totalement submergée par le travail...
S'il n'y a pas de consensus médical sur la définition du burn out, on en connait les symptômes les plus récurrents : amaigrissement brutal, épuisement physique et émotionnel, troubles du sommeil (on ne dort plus ou on dort trop), dérèglement hormonal, irritabilité, dépression... Un tableau qui peut conduire au suicide et qui laisse, dans tous les cas, des séquelles profondes et durables...
L'un des noeuds de la question est la reconnaissance du burn out comme maladie professionnelle. Il est aujourd'hui extrêmement difficile de faire reconnaître un burn out comme maladie professionnelle, avec toutes les conséquences que ça emporte : une meilleure couverture, notamment, et puis aussi une reconnaissance du préjudice subi.
Le cabinet Technologia, en produisant cette étude, milite pour que soit reconnues officiellement comme maladies professionnelles trois pathologies très voisines du burn out : la dépression d'origine professionnelle, le stress post traumatique et l'anxiété généralisée.
Et ce combat, la reconnaissance du burn out comme maladie professionnelle, c'est aussi celui de la veuve de ce cadre de La Poste qui a mis fin à ses jours il y a deux ans... Ilma Choffel de Witte. Sa lutte va bien au-delà de la défense de la mémoire de son mari, Nicolas Choffel. Depuis qu'elle a engagé ce combat, elle a reçu des centaines de témoignages de victimes. Et elle veut que les choses bougent...
C'est un peu la déception de ce côté-là. Et pourtant, les espoirs avaient été grands. En mai dernier, elle avait écrit à François Hollande. Quelques jours plus tard, elle était reçue pendant cinq heures au ministère du Travail. Avec la promesse de création d'une commission pour faire avancer les choses. Et depuis rien. Une inaction que la veuve de ce cadre pour lequel un lien direct entre le burn out, le suicide et la surcharge de travail a été établi, ne comprend pas.
Mais selon de bonnes sources, cette fameuse commission qui avait été promise en mai dernier sera enfin créé en février, sous les auspices de la Direction générale du travail. Peut-être le début de la fin d'une longue période de déni. Avec, on peut l'espérer, une reconnaissance plus facile de leur préjudice pour les victimes.
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