L'arrêt de travail, une dure négociation entre le médecin et son patient
Cette négociation, elle est beaucoup plus fréquente qu'on pourrait le croire. Une consultation médicale sur dix débouche sur un arrêt de travail. Et la plupart du temps, dans plus de la moitié des cas, c'est le patient qui demande à son médecin de l'arrêter. Il s'en suit une "épreuve de force"... qui débouche en effet le plus souvent sur une victoire du patient.
Ce mystère qui se joue en huis-clos dans le cabinet médical, il est levé par le sociologue Denis Monneuse, chercheur à l'université Paris I-Sorbonne, qui vient de publier une enquête de terrain sur le sujet.
3 jours ou plus
Il affirme notamment que oui, c'est bien le médecin qui fixe, in fine, le nombre de jours d'arrêt. C'est lui qui détermine s'il faut trois jours, une semaine ou plus. Mais en revanche, c'est bien le patient qui demande - et qui obtient dans 90% des cas ! - un arrêt de travail.
Si les médecins se laisseraient-ils ainsi forcer la main, ce serait d'une part parce que certains vont prendre en compte ce que Denis Monneuse appelle l'aspect social de la demande. J'ai un problème avec mes enfants, avec un parent qui est gravement malade, mon chef me harcèle. Cette demande, bon nombre de médecins y feraient droit, d'après l'enquête du sociologue.
Et puis il y aurait aussi chez les médecins la crainte que les patients ne fassent "du tourisme médical", qu'ils aillent voir ailleurs... Et là tout dépend de l'éthique du médecin... mais aussi de sa clientèle. C'est un jeu de concurrence. Toujours d'après cette enquête, les médecins nouvellement installés vont être plus "généreux" sur les arrêts de travail. Idem pour les médecins installés dans une région où la concurrence est forte, par opposition à ceux qui exercent dans "des déserts médicaux", où la concurrence sera moins poussée et où le patient aura moins la tentation d'aller demander ailleurs son arrêt de travail.
L'absentéisme est en hausse cette année en France
Pour autant, les pratiques des médecins n'ont pas varié d'une année sur l'autre. Non Fabienne, pour expliquer le phénomène, il faut plutôt regarder du côté du vieillissement de la population active, de l'allongement de la durée de la vie active et de l'intensification du travail.
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